Boris Johnson, maire de Londres et membre du parlement britannique, se sert souvent des colonnes du Telegraph pour présenter ses positions au grand public. Cette fois-ci, il a décidé d’entretenir son lectorat d’un sujet qui lui tient à cœur: l’alliance, selon lui nécessaire, des occidentaux avec Vladimir Poutine et Bachar el-Assad pour vaincre l’État islamique. L’édile londonien a éloquemment choisi d’intituler sa tribune: «Let’s deal with the Devil» (ce qui signifie «Faisons un pacte avec le diable»). Boris Johnson veut d’abord répondre aux gens lui reprochant d’avoir voté pour les bombardements en Syrie. «Je votais pour la paix», assure-t-il avec un sens du paradoxe que le George Orwell de 1984 n’aurait pas renié.
Mais, il en est conscient, les raids aériens ne seront en aucun cas suffisants. Il s’agit donc de savoir qui fera le travail au sol face à ce qu’il appelle «le prétendu califat». Son choix s’arrête sur Bachar el-Assad et ses troupes, appuyés par l’aviation et le partenariat du Russe Vladimir Poutine. Johnson ne porte pourtant pas le président de la Russie dans son cœur et ne se prive pas de le dire (ce qui promet de belles discussions entre les deux hommes au cas où Johnson parviendrait au poste de Premier ministre, objet de ses convoitises):
«Écoutez, je ne suis pas particulièrement fan de Vlad. Ce serait plutôt l’inverse. Des forces soutenues par la Russie occupent illégalement des régions d’Ukraine. On est a peu près sûrs que cette armée de Poutine par procuration est responsable du meurtre des passagers du Malaysia Airlines qui s’est crashé dans l’est de l’Ukraine [...]. Les journalistes qui s’opposent à lui se font tirer dessus. Ses rivaux se retrouvent derrière les barreaux. Malgré sa vague ressemblance avec Dobby l’elfe de maison, il est un tyran manipulateur et sans scrupule.»
Djihadistes au sein de l’armée syrienne libre?
Pourquoi s’allier avec lui puisqu’il est si méchant ou, pire, avec le dictateur de Damas, plus violent encore? C’est que Boris Johnson ne croit pas que l’Armée syrienne libre soit vraiment forte de 70.000 hommes et la suppose noyautée elle-même par des groupes djihadistes.
Le Huffington Post a rappelé que ces chiffres et le soutien offert à l’Armée syrienne libre venaient du gouvernement britannique. En conséquence, le site a interrogé le porte-parole de David Cameron au sujet de ceux-ci: «Le chiffre de 70.000 a été établi sur la base des preuves d’analyses très détaillées échafaudées par des diplomates, des experts du renseignements et autres et nous sommes sûrs qu’il n’inclut pas de djihadistes.» Quant à savoir pourquoi Johnson voit les choses différemment: «Demandez-le-lui.» Il sera peut-être bientôt plus facile pour Boris Johnson de parler avec Poutine qu’avec David Cameron.