Le Front national a fait un pas vers la victoire dans plusieurs régions lors du premier tour des élections ce dimanche 6 décembre. En tête dans sept scrutins métropolitains sur douze, les ténors du parti ont très vite paradé au sein de leur QG et devant les caméras pour montrer leur joie. Ils ont aussi réfuté les accusations de leurs opposants de miser sur la peur en y opposant un discours fait de sourire, de joie, de bisous, d’amour… Bref, de Bisounours.
La première à enfiler son costume d’ours multicolore a été Marine Le Pen, vers 20h30 lors d’un discours devant ses militants. Extrêmement souriante, elle a alors tenu à remercier les électeurs qui ont permis «ce résultat magnifique que nous accueillons avec humilité, avec gravité, et avec un sens profond des responsabilités».
Marion Maréchal Le Pen est allée encore plus loin. Arrivée largement en tête en région Paca, elle n’a pas hésité à partager son bonheur et parler «d’espoir»:
«C’est un score historique, extraordinaire, inattendu vu les circonstances, a-t-elle ensuite expliqué à TF1. Nous sommes extraordinairement heureux de ce résultat, qui nous honore et nous oblige. […] Un grand vent d’espoir et de changement a soufflé ce soir sur la région Paca.»
«Un vote d'amour»
L’émotion a été encore plus vive chez Florian Philippot, sorti premier des urnes Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine avec plus de 35% des voix. Dans son discours, il est apparu ému et a parlé à plusieurs reprises d’amour, remerciant sans relâche ses militants et ses électeurs:
«Les résultats sont historiques pour les patriotes. Ce soir s'est exprimé un vote d'amour, un vote d'adhésion, un vote de conviction.»
«Merci. Merci. Merci. Merci pour votre vote de conviction, merci pour votre travail, merci pour votre force de persuasion, merci avant tout pour votre amour des régions et votre amour de notre pays la France.»
Même Steeve Briois, maire FN d’Hénin-Beaumont, y est allé de son petit message ironique, adressé à La Voix du Nord, journal local qui s’était officiellement engagé contre le Front national. Il remporte même le titre de Bisounours de la soirée en utilisant un emoji «bisou-cœur». Trop mignon.
Gros bisous à la Voix du Nord #régionales2015
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 6 Décembre 2015
Jean-Marie Le Pen casse encore l'ambiance
Grosse surprise, Jean-Marie Le Pen au contraire n’a rien changé à son comportement habituel. S’il parle de cœur, c’est pour s’en prendre directement à Christian Estrosi, adversaire malheureux de Marion Maréchal-Le Pen avec un tweet éminemment polémique quand on connaît les positions du vieux leader frontiste… et supprimé depuis.
#Regionales2015 le #FN c'est cela aussi, ne jamais l'oublier ! pic.twitter.com/oMNlEVlkc7
— Pascal Lechevallier (@PLechevallier) December 6, 2015
De l’autre côté de l’échiquier politique, les grands perdants de la soirée n’avaient rien d’un Bisounours. Ils ressemblaient plutôt à Droopy, ce chien terrassé par la morosité. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, est apparu abattu pour son discours post-défaite.
«Nous mesurons la tristesse de nos militants et de nos élus qui ont vaillamment mené campagne, celle des citoyens qui leur ont apporté leurs suffrages. [...] Nous rendons hommage au courage des candidats et à celui des militants. Ils rentrent en résistance. [...] Mobilisons-nous, groupons-nous, le combat sera long et difficile, quelle que soit votre opinion, je vous appelle à vous rassembler dans la défense des valeurs qui font notre République.»
Et il paraît incertain que le second tour le 13 décembre prochain arrive à lui redonner le sourire.