Un rapport intitulé «Daech en Amérique – Des retweets à Raqqa», rédigé par Lorenzo Vidino et Seamus Hughes, directeur et directeur adjoint du programme sur l’extrémisme au Centre de recherche sur la cybersécurité et la sécurité intérieure de l’université George-Washington, s’intéresse au parcours des sympathisants de Daech aux États-Unis. Depuis mars 2014, soixante-et-onze individus ont été inculpés pour des actes en lien avec Daech. Les chercheurs ont ainsi pu, à partir de plus de 7.000 pages de documents légaux (comme des plaintes déposées, mises en accusation, transcriptions des délibérations au tribunal…) dresser une sorte de portrait-robot de ces individus.
En moyenne, ces aspirants djihadistes ont 26 ans. La personne la plus jeune à avoir été arrêtée pour des activités terroristes en lien avec l’État islamique était un jeune garçon de 15 ans. Les chercheurs remarquent que l’âge moyen des individus arrêtés est plus bas que celui des personnes arrêtées pour des faits de terrorisme dans le passé. Ils citent les propos du procureur général adjoint John Carlin: «Dans plus de 50% des cas, les prévenus ont moins de 25 ans, et dans un peu plus d’un tiers des cas ils ont moins de 21 ans.»
Citoyens américains à 81%
Outre la jeunesse des individus, ce se sont aussi en majorité des hommes, à 86%. Mais les deux spécialistes de l’extrémisme nuancent en signalant que les femmes ont un rôle de plus en plus important dans l’univers djihadiste, qui varie de propagandiste à recruteuse en passant par «femme de djihadiste» ou «mère de la nouvelle génération».
En majorité, les individus inculpés étaient des citoyens américains (58, soit 81%) ou des résidents permanents (8%). Ce qui devrait doucher la psychose anti-réfugiés qui a cours aux États-Unis. En outre, 40% des individus arrêtés étaient des convertis à l’islam –une surreprésentation, précisent les chercheurs, étant donné que seulement 23% des musulmans américains sont des convertis.
Enfin, si les deux auteurs du rapport notent que ces individus sont particulièrement actifs sur Twitter, ils rappellent que leur radicalisation n’est en aucun cas limitée aux réseaux sociaux. Dans la plupart des cas, écrivent-ils, les interactions en ligne et dans la vraie vie se complètent mutuellement. Voilà qui prouve une nouvelle fois que les politiques qui font d’internet le responsable des attentats terroristes disent n’importe quoi.