L’écrivaine Sarah Nicole Prickett publie une curieuse tribune sur le site Artforum. Son sujet: est-il souhaitable moralement de coucher avec un robot? L’interrogation peut paraître futile, voire sans objet, tant l’opportunité de conclure avec un androïde semble loin du quotidien des hommes. Cependant, les développements de la science robotique depuis plusieurs décennies ont permis de grands progrès, et les robots se rapprochent déjà de l’apparence humaine. Ce qui suscite des inquiétudes: ainsi, une campagne contre le sexe avec des robots a été lancée. Son manifeste dénonce notamment une possible objectivation des femmes à travers les courbes aussi mécaniques qu’idéales d’androïdes au visage féminin, une commercialisation de la sexualité poussée à son terme, ou encore le risque d’une atteinte à la formation de l’empathie entre les êtres humains.
Sarah Nicole Prickett répond à ses arguments. Elle rejette le danger encouru par l’image de la femme en assurant que promouvoir les vraies femmes contre les androïdes équivaudrait à enchaîner encore une fois les femmes à la nature. Elle s’oppose aussi à la vision romantique et, selon elle, idéalisée de l’amour et pose que l’attirance entre deux êtres est avant tout une question d’algorithme –«les autres personnes ayant couché avec votre ancien petit ami regardent les mêmes pornos que vous», dit-elle.
Coucher avec robot, c’est tromper?
The Conversation s’est intéressé à la même question, de manière moins offensive. Pour le site américain, l’innocuité éthique d’un rapport sexuel entre un robot et un être humain ne va pas de soi. Sean Welsh, doctorant en éthique robotique, écarte le danger potentiel d’un tel phénomène pour la perpétuation de l’espèce humaine en rappelant que les sex-toys n’ont mis fin ni au mariage ni aux grossesses. Il note que la possibilité de coucher avec des robots pourrait même porter un coup très rude à la prostitution et au trafic d’êtres humains.
Là où le bât blesse, c’est d’abord au chapitre de l’adultère. Aller voir ailleurs, du côté des jambes d’une machine, serait-il tromper? Question à laquelle les couples d’un avenir proche auront probablement à répondre.
Enfin, le principal inconvénient à de pareilles relations est le manque prévisible de réciprocité. Un androïde pourra feindre toutes les gammes des émotions humaines sans y attacher aucune réalité psychologique. Ainsi, un être humain se perdra dans les pires tourments amoureux pour un ustensile incapable d’en rien partager. Peu de chance donc que le XXIe siècle mette fin aux chagrins d’amour de quelque manière que ce soit.