Monde

George W. Bush était bien moins islamophobe que les Républicains actuels

Temps de lecture : 2 min

Un journaliste musulman pas vraiment fan de l’ancien président républicain écrit qu’il «regrette le Parti républicain de George W. Bush».

Dirty George W. Bush | Ian Burt via Flickr CC License by
Dirty George W. Bush | Ian Burt via Flickr CC License by

Dans le New York Times du 30 novembre, le journaliste britannique musulman Mehdi Hasan a écrit un article qu’il n’aurait jamais pensé écrire: «Pourquoi George W. Bush me manque».

En tant qu’opposant à la guerre en Irak, Hasan, qui est journaliste pour Al Jazeera, n’était pas fan de l’ancien président républicain. Mais par rapport aux réactions des actuels candidats à la primaire républicaine, l’attitude de Bush post-11-Septembre lui semble désormais presque exemplaire. «Jamais je n’aurais pensé le dire, mais je regrette le Parti républicain de George W. Bush», écrit-il.

Plusieurs journalistes ont posté après les attentats du 13 novembre une vidéo de Bush parlant dans une mosquée six jours après les attentats du 11-Septembre. On le voit citer le Coran et déclarer:

«Le terrorisme n’est pas la véritable foi de l’islam. Ce n’est pas l’essence de l’islam. L’islam est paix. Ces terroristes ne représentent pas la paix. Ils représentent le mal et la guerre.»

«Aucun candidat républicain aux présidentielles ne ferait ça aujourd’hui. Pas un.»

«La politique étrangère de Bush a été nocive pour de nombreux musulmans à l’étranger, écrit Mehdi Hasan. Mais aux États-Unis, il a courtisé les électeurs musulmans américains et refusé les amalgames paresseux entre islam et terrorisme.»

Calculs électoraux

Contrairement à la relative mesure de Bush, les candidats républicains actuels n’ont pas hésité à stigmatiser les musulmans américains après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis: Donald Trump et Ben Carson ont répété la fausse rumeur selon laquelle des musulmans du New Jersey avaient célébré le 11-Septembre dans les rues, et Ted Cruz et Jeb Bush ont expliqué que seuls les réfugiés syriens chrétiens devraient être accueillis dans le pays.

Cette différence d’attitude est en partie liée à des calculs électoraux. Dans le cadre de la primaire, les candidats actuels bénéficient de ce genre de rhétorique anti-islam, alors que Bush avait une autre stratégie. Si les musulmans ne représentent qu’1% à 2% des électeurs, ils peuvent néanmoins faire la différence au niveau local. En 2000 par exemple, l’élection présidentielle s’était jouée à quelques centaines de votes en Floride, un État où plus de 46.000 musulmans ont voté républicain.

Si Bush n’a certes pas pu arrêter la vague de crimes islamophobes post-11-Septembre, il a fait en sorte que la rhétorique anti-islam ne fasse pas trop partie de la conversation politique, en rappelant notamment aux Américains que «la majorité des victimes des terroristes étaient des musulmans innocents».

«Faire baisser la température»

Dans The Intercept, le journaliste Glenn Greenwald est d’accord que Bush a tenu un discours responsable sur l’islam après le 11-Septembre, mais il rappelle que, au-delà de la politique étrangère, de nombreux musulmans américains ont souffert des mesures prises par son administration, notamment de la détention aux États-Unis de près de 1.000 musulmans sans chef d’accusation.

Pour Jamelle Bouie, qui écrit dans Slate.com, George W. Bush demeure malgré tout la personne idéale pour calmer les discours antimusulmans des Républicains:

«En ce moment, la plupart des Républicains sont en train d’attiser la haine envers les musulmans. Et, peut-être que la seule personne qui peut arrêter ça ou au moins, faire baisser la température–, c’est Bush.»

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