France

«Le visage de la France»: cinquante ans après, une même phrase pour une même émotion

Temps de lecture : 2 min

François Hollande a terminé son hommage aux victimes du 13 novembre par une phrase qui rappelle celle qui concluait le discours de panthéonisation de Jean Moulin, en 1964.

François Hollande aux Invalides, le 27 novembre 2015. REUTERS/Philippe Wojazer.
François Hollande aux Invalides, le 27 novembre 2015. REUTERS/Philippe Wojazer.

«130 noms. 130 vies arrachées. 130 destins fauchés. 130 rires que l’on n’entendra plus. 130 voix qui à jamais se sont tues.» Dans un discours prononcé d'une voix sépulcrale et assourdie par l'écho dans la cour d'honneur des Invalides, devant plus de 2.000 personnes, François Hollande a rendu hommage, vendredi 27 novembre, aux «martyrs du 13 novembre», victimes des attaques terroristes qui ont frappé il y a deux semaines la salle de concerts du Bataclan, des terrasses de cafés et de restaurants à Paris et les alentours du Stade de France.

Cette génération «vivra. Elle vivra pleinement au nom des morts que nous pleurons aujourd'hui. Malgré les larmes, cette génération est aujourd'hui, devenue le visage de la France», a conclu le chef de l'État, dans une formule qui rappelle de manière frappante celle par laquelle André Malraux avait conclu le discours de panthéonisation de Jean Moulin, le 19 décembre 1964 («Jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé; ce jour-là, elle était le visage de la France...»).

Le ministre de la Culture du général de Gaulle s'adressait alors à la jeunesse française pour qu'elle n'oublie pas, vingt ans après, le nom de celui qui avait unifié la Résistance intérieure. François Hollande s'est lui adressé à une jeunesse qui a été directement touchée: «J’ai confiance dans la génération qui nous vient. [...] Je sais que cette génération tiendra solidement le flambeau que nous lui transmettons. [...] Je salue cette génération nouvelle. Elle a été frappée. Elle n’est pas effrayée», a-t-il dit, relevant comment cette jeune génération dont on a pu croire à une époque qu'elle vivrait la «fin de l'histoire» a d'abord été frappée à distance, le 11 septembre 2001, puis sur son sol, les 7, 8 et 9 janvier puis le 13 novembre 2015. Auparavant, il avait évoqué la «horde d'assassins [qui] a tué 130 des nôtres au nom d'une cause folle et d'un Dieu trahi», promettant l'engagement maximal de la France dans la lutte contre l'organisation État islamique:

«Je promets solennellement que la France mettra tout en oeuvre pour détruire l'armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu'elle agira sans répit pour protéger ses enfants. Je vous promets aussi que la France restera elle-même. [...] Que veulent les terroristes? Nous diviser, nous opposer, nous jeter les uns contre les autres? Je vous l'assure, ils échoueront. Ils ont le culte de la mort, mais nous nous avons l'amour de la vie".»

Avant le discours du président de la République, les noms des 130 morts avaient été lus en présence de leurs familles. Deux voix, une masculine, une féminine, avaient égrené l'effrayante litanie des victimes, dont l'écrasante majorité était âgée de 20 à 40 ans et qui, a noté François Hollande, «venaient de plus de cinquante communes de France, de villes, de banlieues, de villages, [...] venaient aussi du monde. Dix-sept pays portent aujourd'hui le deuil». Une énumération suivie d'un très long, d'un interminable silence, puis du son du violoncelle d'Edgar Moreau interprétant la «Sarabande» de la suite n°2 de Jean-Sébastien Bach. Auparavant avaient été jouées, tandis que les portraits des victimes étaient projetés sur fond noir, la Marseillaise, «Quand on a que l'amour» de Jacques Brel, chanté par Camelia Jordana, Yaël Naim et Nolwenn Leroy, et «Perlimpimpin» de Barbara, interprété par la cantatrice Nathalie Dessay.

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