Dans une récente interview donnée fin septembre au Pittsburgh Post et au Toledo Blade, Barack Obama a expliqué que la presse américaine perdait de plus en plus en qualité, était de plus en plus constituée de billets éditoriaux, et de moins en moins de faits.
Le président des Etats-Unis a aussi souligné qu'il serait «ravi» d'examiner une législation qui pourrait «aider les journaux». De manière générale, c'est toute l'industrie de la presse qui s'est insurgée contre cette idée: une intervention du gouvernement dans les médias? Jamais. La radio publique NPR débat sur le sujet.
La semaine dernière, se tenait à Washington un comité de réflexion sur l'avenir de la presse, au cours duquel John Sturm, président de la Newspaper Association of America, expliquait qu'il était dangereux pour la presse de recevoir des financements de la part du gouvernement, et que cela pouvait être en contradiction avec la mission fondamentale de la presse d'informer. Mais il a souligné que si les journaux ne voulaient pas de subventions, des réductions de taxes pourraient par exemple constituer un bon moyen d'aider la presse.
Paul Starr, professeur de Princeton qui participait à la réflexion, a ajouté que les médias ne pouvaient être considérés comme n'importe quelle autre entreprise.
Le sénateur démocrate Ben Cardin, impliqué dans la question, estime que l'on pourrait faire des journaux des organes à but non-lucratifs, et profiter ainsi des mêmes réductions de taxe. Le sénateur a d'ailleurs soutenu le «Newspaper Revitalization Act» en mars dernier, qui reprenait cette idée mais n'a pour l'heure pas assez de soutien.
En France, la presse écrite reçoit de l'aide de la part de l'Etat, sur le plan social et fiscal. Et la presse en ligne devrait à terme en bénéficier.
Dans Newsweek, Daniel Lyons exprime son incompréhension face à ce débat, et face à un tel comité de réflexion. «Pas une personne en bonne santé mentale ne croit sérieusement que le futur des médias d'information implique de l'encre et du papier, et non des pixels et un écran. Nous savons tous très bien où va l'industrie de l'information, et surtout, nous le savons depuis au moins une dizaine d'années. Alors pourquoi donc parle-t-on de relance pour les journaux? Pourquoi Barack Obama dit-il qu'il y songe? Pourquoi le Congrès organise-t-il un comité de réflexion dans le but de sauver ces vieux reliquats avec des réductions de taxe et autres aides? C'est comme introduire une législation pour sauver des calèches, ou des machines à vapeur, ou des postes de télévision en noir et blanc. C'est stupide. Ca ne sert à rien. Ca ne marchera pas»
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Image de Une: Photo du NewYork Times