France

Abdelhamid Abaaoud, le djihadiste suspecté d'avoir coordonné les attentats de Paris, est mort

Temps de lecture : 3 min

Ce membre de l'État islamique issu d'une famille d'origine marocaine bien intégrée en Belgique serait également derrière l'attentat raté de Villejuif et l'attaque du Thalys. Il est mort, lors de l'assaut de Saint-Denis du mercredi 18 novembre.

Illustration du portrait d'Abaaoud dans le magazine djihadiste Dabiq.
Illustration du portrait d'Abaaoud dans le magazine djihadiste Dabiq.

Mise à jour: ce papier a été mis à jour après l'annonce de la mort d'Abdelhamid Abaaoud le jeudi 19 novembre

Il était l'homme visé mercredi 18 novembre au matin par l'assaut de Saint-Denis et le coordinateur supposé des attentats du 13 novembre. Abdelhamid Abaaoud y a trouvé la mort, a confirmé le parquet jeudi 19 novembre, son corps ayant été formellement identifié parmi les victimes. Ses liens avec Brahim Abdeslam, un des kamikazes du 13 novembre avec lequel il a été emprisonné dans une prison belge en 2010 pour des faits de droit commun, et Salah Abdeslam, toujours recherché, ont mis les services de sécurité et de renseignement sur sa piste dès les premières heures ayant suivi les attaques parisiennes. Abaaoud connaissait la fratrie Abdeslam depuis l’enfance.

C’est en 2013 que l’ancien délinquant belge, devenu commerçant, a intégré les rangs de l’État islamique. Il a alors 26 ans. Le Monde rappelle que, conformément à la tradition de Daech, il abandonne alors son nom d’état-civil pour adopter les surnoms de guerre suivant: Abou Omar Al Soussi (en souvenir de la région du sud-ouest du Maroc dont sa famille est originaire) ou encore Abou Omar Al Baljiki (en référence à la Belgique).

La cellule islamiste de Verviers

Là, il multiplie les actes de violences. Un reportage de la RTBF le montre en 2014, hilare, en train de traîner des cadavres de combattants de l’armée syrienne libre et de civils au volant d’un pick-up.

Ses atrocités ne l’empêchent pas de revenir en Europe d’où il pilote, sans doute depuis la Grèce, une cellule islamiste établie à Verviers en Belgique, démantelée par la police locale avant qu’elle ait pu passer à l’action.

Passionné de propagande et d'endoctrinement

Abaaoud parvient à s’enfuir et à regagner la Syrie. Il continue à s’intéresser de près aux affaires de l’Europe, note Le Figaro, puisqu’il est en contact avec Sid Ahmed Ghlam, missionné pour attaquer des églises à Villejuif, et est suspecté d’avoir commandité la tentative de tuerie dans le Thalys... jusqu’aux attentats du 13 novembre.

N’hésitant jamais à se vanter et à mettre son rôle en relief dans les publications de l’EI telle que le magazine Dabiq, c’est un passionné de propagande et d’endoctrinement: il réussit même à laver le cerveau de son frère de 13 ans, Youness, et convainc le pré-adolescent de le rejoindre en Syrie.

Famille, je vous hais!

Cette fugue a sonné comme l’ultime acte de rupture avec sa famille. Omar Abaaoud, son père, a d’ailleurs immédiatement porté plainte contre son fils aîné. Il s’était confié en janvier au journal flamand Het Laatse Niews, traduit ici par Courrier international: «Je ne veux plus jamais voir Abdelhamid. Mais je souhaite en revanche qu’il fasse en sorte que Youness revienne sain et sauf en Belgique. Pour Youness, je n’ai pas encore perdu tout espoir.» Omar Abaaoud était alors en dépression et disait «sa honte» à l’égard d’un fils qui avait «ruiné la vie» de sa famille en cherchant à tuer des Belges.

Omar Abaaoud, rentré depuis au Maroc, était très attaché à cette Belgique où il était arrivé il y a quarante ans pour travailler à la mine. Il avait ensuite pu ouvrir une boutique de vêtements, assez prospère pour lui permettre d’emménager dans une partie plus agréable de la commune de Bruxelles de Molenbeek, de placer son fils Abdelhamid au collège Saint-Pierre qui jouit d’une très bonne réputation dans la capitale belge. Omar Abaaoud est allé jusqu’à acheter un magasin à son fils, avant que celui-ci ne parte en Syrie.

Loin des mosquées

L’hostilité du foyer familial n’a fait que grandir depuis jusqu’à cette anecdote reprise par le New York Times. La famille a reçu à l’automne 2014 des appels venus de Syrie: ceux-ci annonçaient qu’Abdelhamid était mort en «martyr» sur le front. Un simple leurre auquel les Abaaoud ont voulu croire, priant pour que la nouvelle se vérifie.

Il n’en était rien et le djihadiste a poursuivi sa navigation en eaux très troubles. Logique pour cet homme plein de mauvaises surprises et amateur de coups de théâtre dont la sœur Yasmina, citée par le Guardian, disait qu’il n’allait «même pas à la mosquée avant son départ en Syrie».

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