«Fluctuat nec mergitur»: le latin pour «Il est battu par les flots, mais ne sombre pas». Où le «Il» évoque un bateau.
Beaucoup de Parisiens avaient oublié la devise de leur ville. Les 13 et 14 novembre, ils l'ont réapprise ou se sont souvenus. La phrase est inscrite sur le blason de la capitale.
Cette phrase latine fait référence à ce que disait la corporation des Nautes, une corporation d'armateurs marins, à une époque où la Seine était un enjeu essentiel pour le commerce et la ville. Quand Paris était encore Lutèce (avant 310).
Il ne fallait pas «sombrer» parce que la ville avait souvent fait face à des inondations, précise aujourd'hui le site de la mairie du Ier arrondissement. Elle figure sur le blason de la ville de Paris utilisé pour la première fois en 1358, auquel ont ensuite été ajoutés la croix de la Légion d'honneur, la croix de guerre 1914-1918 et la croix de la Libération.
Dans la nuit du 13 au 14 novembre, après les six attentats qui ont eu lieu à Paris et en Seine-Saint-Denis, la devise a été reprise par le dessinateur Joann Sfar qui a publié une série de dessins après les événements.
«Fluctuat nec mergitur», on l'entend dans la chanson «Les Copains d'abord» de George Brassens, on la lit aussi dans certains albums d'Asterix.
«Carpe diem» («il faut vivre le moment présent»), «Veni vidi vici» («Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu»), «Alea jacta est» («le sort en est jeté»)... Les phrases latines réutilisées à l'envi sont nombreuses mais celle-ci a pris tout son sens aujourd'hui. Ce 14 novembre, le bateau c'est la France (et sa capitale), qui ne doivent pas couler, comme la ville à l'époque où chaque inondation la mettait en péril.
Sur la place de la République, en une heure, un collectif a graffé cette devise, rapporte un journaliste de Medipart. Une journaliste de Francetv info les a filmés brièvement.
"Fluctuat nec mergitur" in progress #ParisAttacks pic.twitter.com/IySGTgVr6z
— Julie Rasplus (@julie_rs) 14 Novembre 2015
République. En une heure, le collectif Grim Team a graffé la devise de Paris pic.twitter.com/gUuBFdwoY6
— Mathieu Magnaudeix (@mathieu_m) 14 Novembre 2015
Les internautes s'en emparent, sans la traduire, comme une évidence.
Au milieu de tout ce que je lis depuis ce matin, la devise de Paris, fluctuat nec mergitur, d'une belle actualité. #ParisAttacks
— Benjamin Madelénat (@BMadelenat) 14 Novembre 2015
Le nombre d'occurences sur Twitter explose comme l'indique le site Topsy après 22 heures ce 13 novembre.
Après l'attentat à Charlie Hebdo, c'est «Je suis Charlie» qui était devenu le slogan mondial. Après les attentats du 13 novembre, le hastag #prayforParis a été presque autant utilisé en dix heures que #JesuisCharlie en cinq jours, rapporte Twitter. #Porteouverte a aussi été très employé quand les gens ont cherché à se refugier quand les terroristes n'étaient pas morts. La Tour Eiffel était dans beaucoup de dessins. Mais il est rare de voir une phrase latine aussi actuelle, partagée, virale, symbolique au XXIe siècle. La phrase d'une langue morte. «Fluctuat nec mergitur».