Nous sommes à un an pile de l'élection présidentielle américaine, qui se tiendra le 8 novembre 2016. Dans 365 jours, nous connaîtrons le nom du futur ou de la future présidente des États-Unis. Contrairement à ce que nous avons écrit ici, Hillary Clinton –qui est pourtant la favorite de cette élection– ne sera pas celle qui accèdera à la Maison Blanche en novembre prochain. Voici cinq explications de son futur échec.
1.Trois mandats consécutifs pour un même parti, c'est rare
En 2016, les États-Unis sortiront de huit ans de présidence démocrate. En général, cela appelle l'alternance et donc, ici, le retour des Républicains au pouvoir. Conserver la Maison Blanche pour un troisième mandat ne s'est produit que quatre fois au cours des 125 dernières années.
Les Républicains l'ont fait à trois reprises, avec McKinley, Roosevelt et Taft (pendant seize ans, de 1897 à 1913), Harding, Coolidge et Hoover (pendant douze ans, de 1921 à 1933), et Reagan et Bush père (pendant douze ans, de 1981 à 1993). Les Démocrates, eux, ne l'ont réussi qu'à une seule reprise, lorsqu'ils ont conservé la Maison Blanche entre 1933 et 1953, grâce à Roosevelt et Truman. Roosevelt avait d'ailleurs été élu quatre fois de suite, et c'est pour éviter qu'une telle situation ne se reproduise que la limite des deux mandats a été introduite.
Depuis la ratification de ce 22e amendement, en 1951, six candidats du parti «d'opposition» ont remporté l'élection après huit ans d'un même parti à la Maison Blanche: Dwight D. Eisenhower (républicain) en 1952, John F. Kennedy (démocrate) en 1960, Richard Nixon (républicain) en 1968, Jimmy Carter (démocrate) en 1976, George W. Bush (républicain) en 2000 et Barack Obama (démocrate) en 2008.
2.Les dernières élections ont été remportées par les Républicains
Lors des dernières élections de mi-mandat, les Républicains ont confirmé un peu plus leur assise sur la Chambre des représentants (247 sièges contre 188) et ont repris le Sénat aux Démocrates (51 contre 47).
En 2008, avant qu'Obama n'arrive à la Maison Blanche, le Congrès était entièrement dominé par les Démocrates depuis les midterms de 2006. Lorsque George W. Bush avait succédé à Bill Clinton, en 2000, les deux chambres étaient également contrôlées par les Républicains depuis le tremblement de terre électoral de 1994. Même chose pour Bill Clinton, en 1992, quand il remporta l'élection face à George Bush père.
3.Elle manque de charisme
Hillary Clinton a beau essayer de prouver qu'elle n'est pas aussi froide et calculatrice qu'on le pense, toutes ses tentatives semblent vaines. Voici, par exemple comment la présente régulièrement l'humoriste Kate McKinnon au Saturday Night Live.
La caricature n'est d'ailleurs pas tellement nouvelle. En 2008, l'actrice Amy Poehler utilisait le même ressort comique. Et cela a beau être une caricature, pour beaucoup, ce n'est qu'un reflet de sa vraie personnalité. Lorsqu'elle vient sur le plateau de l'émission américaine pour se moquer d'elle-même et qu'elle essaie de casser cette image, comme l'annonçait le New York Times, on sent qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Fin octobre, le site satirique The Onion a capturé parfaitement cette situation quand l'un de ses auteurs s'est fait passer pour l'ancienne secrétaire d'État et a tenté d'expliquer pourquoi elle était drôle. Par ailleurs, comme l'explique la revue conservatrice The National Review, «l'équipe de campagne de Clinton aimerait que le public soit chaleureux avec elle, mais elle n'a aucune illusion sur le fait que ce ne sera jamais comme pour Obama en 2008».
4.Le «Blue Wall» qui doit lui assurer la victoire n'existe pas forcément
Si vous suivez de près la politique américaine, vous avez sans doute déjà entendu parler du «Blue Wall» (pour les Démocrates) et du «Red Wall» (pour les Républicains). Le Blue Wall, ce sont des états démocrates qui ne basculent jamais au fil des élections, assurant ainsi un certain nombre de grands électeurs permettant de devenir président des États-Unis. Sur les six dernières élections (quatre gagnées, deux perdues), les Démocrates ont ainsi à chaque fois remporté les mêmes 18 états (sur 50) plus le district de Columbia, soit 242 des 270 votes nécessaires. Il ne leur manque donc plus a priori qu'à aller chercher 28 votes dans des États indécis, voire parfois républicains, pour s'imposer.
Le problème, comme le remarque Nate Silver sur FiveThirtyEight, c'est qu'on joue avec les chiffres un peu comme on veut:
«Si vous voyez des analystes vous parler du "Blue Wall", tout ce qu'ils disent, c'est que les Démocrates ont gagné pas mal d'élections présidentielles dernièrement –un fait assez évident qui n'aura probablement pas de pouvoir prédictif sur ce qui va se passer cette fois-ci. Je ne dis pas que Clinton est condamnée. [...] Mais si elle perd le vote populaire, ne serait-ce que par quelques points, le "Blue Wall" semblera aussi archaïque que les discussions sur une majorité républicaine éternelle.»
5.C'est une femme
C'est elle-même qui le disait en octobre dernier: «Qui peut être plus un outsider qu'une femme?»
Alors qu'elle était invité de Face the Nation, sur CBS, un mois plus tôt, l'ancienne secrétaire d'État estimait ne pas comprendre pourquoi elle ne pourrait pas considérer qu'elle est, elle aussi, un outsider dans cette campagne:
«Toutes ces mères et ces pères de famille m'amènent leur set de table sur lequel se trouvent tous les présidents et ils amènent leur fille avec eux, et ils disent: "Ma fille a une question pour vous." Et elle demande: "Comme ça se fait qu'il n'y ait aucune fille sur ce set?" Je pense que c'est un gros choix qui n'est pas forcément conventionnel.»
Et même si jusqu'à 96% des Américains se disaient prêts à voter pour une femme en 2012, cela ne veut pas dire que la candidate démocrate s'imposerait.
Hillary Clinton connait trop bien les difficultés d'une campagne pour une femme. Elle a déjà critiqué le sexisme qui régnait selon elle dans l'équipe d'Obama à son encontre en 2008. Lors de cette campagne, son équipe avait aussi lancé les mêmes accusations contre les médias. Et aujourd'hui, elle s'en prend à Bernie Sanders avec des arguments similaires.