Pendant des années, raconte Wired, la plupart des polices de caractères ont été dessinées par des typographes occidentaux. Plus de 20.000 familles de polices de caractères latines ont été créées, pour seulement 108 arabes. Mais en plus d’être peu nombreuses, elles ont produit «un arabe simplifié», explique Peter Bil’ak, créateur de la fonderie de caractères néérlandaise Typotheque.
Or l’écriture des lettres arabes ne fonctionne pas selon la même logique que leurs homologues latines. Le tracé de chaque lettre arabe change en fonction de sa nature et de sa place dans un mot. Elle peut par exemple être liée à la lettre qui précède mais pas à celle qui suit (ou inversement). L’idée de majuscule ou de minuscule n’a pas non plus de sens en arabe.
Défi technologique
«Quand j’ai commencé, j’ai réalisé que c’était un défi de conception, mais aussi un défi technologique –je ne pouvais pas trouver les outils», raconte Peter Bil’ak, qui vient de créer une famille de police de caractères appelée Greta, un système de trente-neuf styles différents qui se présente sous quatre largeurs et dix niveaux de gras.
Le manque d’innovation résulte de la rareté des cours spécialisés en typographie donnés au Moyen-Orient, mais aussi par l’absence d’intérêt des designers pour les polices de caractères. «Il y a de la place pour l’expression, mais elle n’a pas été explorée ou regardée en détail», précise-t-il. Selon Wired, le Moyen-Orient a aussi été plus lent que l’Occident à adopter le numérique. Cela expliquerait le retard d’innovation en matière d’adaptation de l’écriture de l’arabe sur les petits écrans.