Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski est toujours en garde à vue en Suisse où il a été interpellé à son arrivée à l'aéroport de Zürich samedi 26 septembre. Selon un communiqué des autorités judiciaires suisses, Polanski a été «placé en détention provisoire en vue d'extradition sur la base d'un mandat d'arrêt américain».
«Depuis fin 2005, les autorités américaines recherchent activement Roman Polanski partout dans le monde» pour «des actes d'ordre sexuel avec des enfants, notamment un cas de 1977 avec une mineure de 13 ans à Los Angeles», précise le communiqué. Il risquait à l'époque la prison à vie.
Lors du procès, le réalisateur avait plaidé coupable dans le cadre d'un arrangement entre la défense et l'accusation, comme le permet la justice américaine, mais avait ensuite fui le pays.
Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture et de la Communication, s'est dit stupéfait par l'arrestation de Polanski, rappelant qu'il est citoyen français. Il a précisé qu'il «s'en est entretenu avec le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui suit le dossier avec la plus grande attention et partage le souhait (...) d'une résolution rapide de la situation».
Bernard Kouchner s'est quant à lui entretenu avec son homologue suisse Micheline Calmy-Rey, rapporte le Nouvel Obs. Dans un communiqué, le Quai d'Orsay explique que le ministre des Affaires étrangères «a fait valoir le souhait des autorités françaises que les droits de M. Polanski soient pleinement respectés et que cette affaire trouve rapidement une issue favorable». «Notre ambassadeur en Suisse et notre Consul Général à Zurich ont immédiatement saisi les autorités suisses afin d'exercer le plus rapidement possible le droit de visite consulaire» selon le communiqué.
La ministre de la Justice suisse Eveline Widmer-Schlumpf a déclaré que «quand Polanski est arrivé, nous n'avions pas d'autre choix que de l'arrêter d'un point de vue légal», ajoutant qu'il «a évidemment le droit de faire appel, et je pense qu'il le fera», rapporte la BBC. Les avocats du cinéaste ont confirmé qu'ils combattront l'extradition.
Le Monde précise que «les autorités américaines ont 40 jours pour présenter une demande officielle d'extradition du cinéaste Roman Polanski», la Suisse n'ayant reçu qu'une «demande d'arrestation en vue d'une extradition.» Une éventuelle décision d'extradition pourra être contestée auprès du tribunal pénal fédéral, puis du Tribunal fédéral, la plus haute instance judiciaire helvétique, selon le ministère suisse de la Justice.
Polanski s'était déjà rendu en Suisse par le passé, mais cette fois-ci les autorités américaines étaient au courant de son déplacement, ce qui leur a permis d'envoyer le mandat d'arrêt à temps à leurs homologues suisses.
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Image de Une: Roman Polanski à Potsdam en 2009, REUTERS/HANNIBAL HANSCHKE