Il y a deux semaines, à la fin septembre 2015, un panneau «No Tech-Zone» avait surgi dans San Francisco, aux États-Unis, avant d'être assez rapidement enlevé. En dessous de panneaux similaires qui restreignent le parking à certaines heures et reprenant les mêmes codes typographiques, ce panneau interdisait l'usage de téléphones, tablettes, ordinateurs portables ou appareils intelligents sous peine d'une amende de 300 dollars.
"No tech zone" around Alamo Square Park? Have you lost your mind, SF? (Photo illegally taken by @AdamSinger) pic.twitter.com/Z0iIPU4Lhh
— Ashley Mayer (@ashleymayer) 22 Septembre 2015
«Pas d'objets technologiques autour d'Alamo Square Park? Tu as perdu la tête San Francisco? (Photo prise illégalement par @AdamSinger)»
Plusieurs sites Internet et émissions télévisés s'étaient alors intéressés à ce phénomène, comme le Guardian, Mashable, ou Fusion. Le quotidien britannique prévenait pourtant que personne du côté de la ville n'avait ordonné la mise en place d'un tel panneau.
Ouvrir un débat
Deux semaines plus tard, le mystère est résolu. Alors que d'autres panneaux sont apparus ailleurs dans la ville, Ivan Cash a publié une vidéo, sur son compte Vimeo, où on le voit en installer plusieurs autour de parcs de la ville de la côte ouest. Quelques instants plus tôt, on pouvait voir des annonces de l'installation de wifi gratuit dans les rues de San Francisco, puis des plans de personnes concentrées sur leurs appareils et ignorant le monde autour d'eux, ce qui semble gêner le réalisateur qui demande ensuite de façon rhétorique:
«Les parcs ne sont-ils pas sensés être un moyen naturel de s'échapper au monde moderne?»
Préserver des havres de paix
Le Guardian explique, de façon un peu plus explicite, que pour cet ancien employé de Facebook, devenu artiste, «les panneaux sont une tentative de lancer une discussion sur le rôle de la technologie et des appareils mobile, et le temps passé par des individus les yeux collés à l'écran». Quant au choix des parcs, Ivan Cash précise un peu plus loin:
«Les parcs ont historiquement servi de havre de paix par rapport au rythme de la vie urbaine. Et pour cette raison, il me paraît bizarre de voir tellement de gens qui s'y rendent les yeux collés à leur téléphone plutôt que de profiter de la vue et de la nature qui les entoure. Cela me semble vraiment paradoxal, d'être totalement immergé dans un écran dans un endroit défini par son manque de technologique moderne.»
Au moment de la première apparition de ce panneau, Mashable y avait vu un autre signe du schisme entre les «vieux habitants de la ville et les nouveaux employés du monde de la technologie très bien payés qui sont arrivés dans la Bay Area». Ces derniers sont entre autres accusés d'avoir fait exploser les prix. Mais comme l'indique le Guardian, Cash n'est pas le mieux placé pour le faire au vu de sa liste de clients (Airbnb, Facebook...). Et d'ailleurs, il ne veut pas être vu comme celui qui «crache sur la communauté tech de la Bay Area».