Elles sont neuf villes à perdre leur statut de capitale régionale. Des grandes villes sanctionnées pour leurs moindres performances économiques et qui voient, avec raison, leur rétrogradation comme un signal inquiétant. Pourtant, le pire est à venir. Avec la disparation annoncée des conseils départementaux, ces anciennes capitales pourraient bien décrocher définitivement. C’est le principal enseignement qui ressort du classement sur l’attractivité des futures et anciennes capitales régionales réalisé par Global Conseil[1]: la fracture est profonde entre d’un côté les villes-métropoles, qui ont su prendre le train de la mondialisation, et de l’autre des villes en perte de vitesse, qui ont peu de temps pour inverser la tendance.
1.Les recaléesDes villes en perte de vitesse
Parmi les grandes villes les moins attractives, figurent la quasi-totalité des anciennes capitales de région: Limoges, Châlons-en-Champagne, Caen, Besançon, Amiens, Metz, Poitiers et Clermont-Ferrand. Pour toutes ces villes, la situation est sensiblement identique: d’années en années, les actifs partent et les emplois baissent. Les cadres et professions intermédiaires sont sous-représentés. Les entreprises ne s’implantent plus. Jusqu’à présent, il leur restait la fonction publique pour faire tourner l’économie locale. Mais avec la perte du statut de capitale, le cercle vicieux risque de se boucler définitivement.
Montpellier semble être la seule ancienne capitale à s’en sortir bon gré mal gré. Mais c’est en grande partie une illusion: compte tenu de son poids démographique, la ville devrait être beaucoup plus attractive. À l’heure actuelle, son économie repose sur un secteur tertiaire particulièrement précaire. D’où un fort taux de chômage et une faible proportion de CSP+, très étonnante pour la 8e ville de France.
2.Les futures capitales de régionUn bilan contrasté

Les anciennes capitales ne sont pas les seules à être en perte de vitesse. Quelques rescapées de la réforme sont aussi en difficulté: Orléans, Marseille, Strasbourg et Lille. Si ce résultat était attendu pour Marseille, Lille et Orléans, qui souffrent toutes les trois de problèmes économiques structurels, Strasbourg constitue une vraie surprise. Malgré sa proximité avec l’Allemagne et la présence du Parlement européen, la ville est confrontée à un phénomène de paupérisation qu’elle n’arrive pas à enrayer.
Plus haut dans le classement, trois villes occupent une position de challengers: Rennes, Rouen et Dijon. Des villes dynamiques, avec une forte proportion d’actifs et de CSP+, mais dont la bonne santé économique dépend avant tout de la fonction publique, surreprésentée par rapport aux autres nouvelles capitales régionales.
3.Quatre villes leadersLyon, Toulouse, Nantes et Bordeaux
Enfin, loin devant les autres, quatre villes figurent en tête de peloton: Lyon, Toulouse, Nantes et Bordeaux. Pour ces quatre futures capitales de région, tous les indicateurs sont au vert: une population qui ne cesse d’augmenter, une proportion d’actifs et de CSP+ largement supérieure à la moyenne, une économie qui repose davantage sur l’industrie que sur la fonction publique... Ce sont les grands vainqueurs du processus de métropolisation en cours. La décentralisation leur a permis de s’émanciper et d’affirmer leur place à part entière dans l’économie française.
Face à ce mouvement de fond séparant villes-métropoles et villes moyennes, villes mondialisées et villes paupérisées, certains élus tentent d’obtenir des «compensations». Certaines, bien réelles, consistent à obtenir le maintien d’administrations. D’autres relèvent de la symbolique. Ainsi, la proposition de loi d’Alain Gest, président d’Amiens-Métropole, pour créer des vice-capitales de région. Mais ces revendications semblent surtout une façon de gagner du temps. La disparition programmée des conseils départementaux est dans tous les esprits. Et les élus le savent, ce coup-là risque bien d’être fatal…
1 — Le classement sur l’attractivité des capitales régionales françaises a été établi par le cabinet Global Conseil Corporate sur la base de six indicateurs socio-économiques de l’Insee: le poids démographique en 2012 (Insee), la proportion de CSP+ dans la population en 2012, le taux de chômage en 2012, l’évolution du nombre d’actifs résidant et travaillant dans la ville entre 2007 et 2012, l’évolution de la part d’emplois dans la fonction publique entre 2007 et 2012 et l’évolution de l’emploi entre 2007 et 2012. Retourner à l'article