Les plus pauvres seraient-ils plus enclins à la mortalité sur la route? Oui, répond le Washington Post, qui s’appuie sur les recherches de Sam Harper, Thomas J. Charters et Erin C. Strumpf, publiées dans l'American Journal of Epidemiology. Ainsi, aux États-Unis, le nombre de morts sur la route baisse depuis 1990 chez les plus instruits, mais augmente petit à petit chez les plus de 25 ans sans diplôme. En 1995, la mortalité routière était 2,5 fois plus élevée pour les personnes au plus faible capital scolaire par rapport aux plus diplômées. En 2010, vous avez cette fois quatre fois plus de «(mal)chance» d’avoir un accident mortel si vous n’avez pas fait d’études supérieures.
Loin d’insinuer que l’école ferait des étudiants de meilleurs pilotes, l’article s’appuie sur des conclusions factuelles:
«Les moins éduqués possèdent des voitures plus âgées et moins fiables aux crash tests. Ceux qui ont moins d'éducation sont également susceptibles de gagner moins et de ne pas avoir d’options de sécurité facultatives, telles que des airbags latéraux, des avertissements automatiques ou des caméras de recul.»
Les résidents de villes les plus pauvres manqueraient également de passages piéton, de panneaux de signalisation et de ralentisseurs, la faute à un intérêt moindre des pouvoirs publics.
En France, bien que peu de chiffres officiels soient communiqués sur la question, le constat serait sensiblement identique. Mathieu Grossetête, auteur d’Accidents de la route et inégalités sociales et cité par AlterÉco+, montrait par exemple qu’en 2007 les ouvriers «représentaient 22,1% des conducteurs tués, alors qu’ils ne représentent que 12% de la population de 15 ans et plus. Le même constat peut être fait à propos des artisans, notamment. À l’inverse, la catégorie des cadres supérieurs, professions libérales et chefs d’entreprise est […] sous-exposée à la mortalité routière. Leurs membres représentaient 2,9% des tués pour 8,4% dans la population de référence». Lui aussi avançait l’idée que le poids des véhicules et leurs accessoires de sécurité étaient liés à ces chiffres.