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Cuba accueille le pape François et surtout Internet avec ferveur

Temps de lecture : 14 min

À Cuba, un cybercafé géant vient d’ouvrir à l’air libre. C’est un événement aussi considérable que la visite récente du pape François. De petits signes qui montrent que le régime castriste est en train de changer. Ou pas.

Le pape François à Santiago de Cuba, le 22 septembre 2015 | REUTERS/Alejandro Ernesto/Pool
Le pape François à Santiago de Cuba, le 22 septembre 2015 | REUTERS/Alejandro Ernesto/Pool

La Havane (Cuba)

La «Veintitrés» est l’une des avenues principales de la Havane. Les hôtels internationaux sont situés sur cette 23e rue, tout comme les agences de tourisme et le siège de plusieurs ministères. Ici, on l’appelle simplement «la Rampa». Elle donne sur la mer des Caraïbes et le célèbre Malecón –la «corniche». Au loin, à moins de 180 kilomètres: la Floride.

Depuis cet été, la 23e Avenue est prisée jour et nuit par la jeunesse cubaine, qui ne la quitte plus. Nul ici ne s’est vraiment intéressé à la récente visite du pape à Cuba, ni n’achète des glaces Coppelia –un passe-temps célèbre sur la Rampa. Nul n’aurait davantage l’idée de saluer la mémoire de Che Guevara, qui fut ministre dans l’un des immeubles de cette avenue.

Les jeunes viennent sur la «Veintitrés», littéralement prise d’assaut, juste pour accéder à Internet. Et par des petits signes de ce type, on prend la mesure des changements en cours sur l’île.

Cybercafé à l’air libre

Il est facile d’apercevoir les relais du wifi sur la Rampa. Tous les cent mètres environ, on peut distinguer un large boîtier blanc, accroché à un poteau ou pendant à un fil, avec, quelques mètres plus bas, comme agglutinés, des dizaines de Cubains, leurs smartphones et ordinateurs portables entre les mains. Promis depuis plusieurs années, puisqu’un câble sous-marin en fibre optique apporte Internet à Cuba via le Venezuela depuis 2011, c’est seulement ces dernières semaines que la connexion a été établie. Un problème technique? Non. Un simple blocage politique du gouvernement, qui craint Internet autant que la liberté de la presse.

Le régime castriste avait promis une centaine de «hot spots» pour accéder au Web, mais on les cherchait encore en vain au printemps, sauf à payer 10 dollars de l’heure dans les hôtels cinq étoiles de la ville –soit presque la moitié du salaire mensuel moyen sur l’île.

«Cette fois, ça marche», constate Maria Elena, une étudiante en informatique de l’université de la Havane, assise sur un escalier sur la Rampa –et qui est en train de télécharger une vidéo sur YouTube. Elle ajoute toutefois: «Mais c’est terriblement lent. J’ai cours à 13 heures et je ne suis pas certaine que la vidéo sera entièrement téléchargée d’ici là!»

Lent, sans doute. Mais Internet est là! Et cela se voit. Entre le Malecón et le Habana Libre, le célèbre hôtel Hilton nationalisé par Fidel Castro en 1960, sur un peu moins de 500 mètres, des centaines de Cubains sont dehors, assis sur les trottoirs, debout sous un palmier ou à l’ombre d’un pas de porte, en train se surfer sur Internet.

Il faut faire la queue, et fournir une pièce d’identité, pour obtenir un code d’accès dans l’un des deux «Mini Punto», les points de vente étatiques sur la Rampa. Il en coûte quand même deux CUC de l’heure (environ 2 dollars).

Des Cubains surfent sur Internet via un réseau wifi public, à La Havane, le 2 juillet 2015 | REUTERS/Enrique de la Osa

Cet accès est pourtant si nouveau, si inattendu –si précaire peut-être aussi–, que la foule est au rendez-vous. Un cybercafé géant à l’air libre.

Vers un «printemps» cubain?

C’est mon quatrième voyage à Cuba et, en cette fin septembre 2015, j’essaye comme tout le monde de percevoir les signes des changements en cours. En 1990, l’historien anglais Timothy Garton Ash a publié un passionnant récit, La Chaudière, une chronique de la montée en puissance de la dissidence en Europe de l’Est et de l’effervescence de la société civile durant les années 1980, qui allaient déboucher sur l’écroulement brutal du bloc soviétique en 1989.

Dans ce socialisme des tropiques que demeure Cuba, dictature aujourd’hui anachronique, le scénario risque d’être évidemment différent. Pourtant, des signes convergents existent.

Il y a d’abord les technologies, force possible de changement comme l’ont attestés, quoi qu’on ait pu dire, les «printemps arabes». À La Havane, les téléphones portables sont en train de se généraliser à une vitesse surprenante. Partout, on vend des portables et des recharges prépayées, bien qu’il faille faire preuve de patience pour obtenir une carte SIM, disponibles uniquement dans les rares magasins d’État Cubatel, le seul réseau autorisé sur l’île. Mais lorsqu’on dispose d’un numéro, on peut le recharger partout –et surtout depuis l’étranger. C’est à dire le plus souvent depuis Miami…

On estime désormais à 500.000 le nombre de Cubains-Américains qui reviennent sur l’île chaque année. Une quinzaine de vols charters directs relient maintenant quotidiennement Cuba et les États-Unis: l’embargo a déjà disparu dans les faits, sinon dans le droit. «La stratégie des États-Unis, c’est d’inonder l’île de touristes, de dollars et d’information. C’est une invasion douce», analyse un diplomate en poste à Cuba.

En utilisant le levier du «soft power», Washington pense avoir trouvé la martingale pour libéraliser un régime que des années de Guerre froide n’ont pas réussi à assouplir. Les présidents Barack Obama et Raúl Castro se parlent et se sont serré la main; ils ont rouvert leurs ambassades. Mais au-delà des accords entre chefs d’État, la société civile décuple ce mouvement. Ordinateurs et smartphones entrent par milliers chaque jour sur l’île dans les valises des Cubains exilés en Floride et qui reviennent en masse pour les vacances ou pour y investir.

François silencieux sur les droits de l’homme

«La visite du pape a été une réussite du point de vue du régime castriste. Elle a été un succès aussi pour le Vatican. Mais profite-t-elle aux Cubains?» s’interroge Antonio Rodiles, l’un des plus célèbres dissidents politiques, qui continue à vivre à Miramar, un quartier chic de La Havane. Au bord d’une piscine vide où il reçoit régulièrement des groupes d’opposants anti-castristes, Rodiles conteste la stratégie d’Obama, comme celle du pape. Il pense, à contre-courant, qu’il faut continuer à faire pression sur le régime au sujet des droits de l’homme. Comme nombre de Républicains aux États-Unis, il est encore favorable à une logique de «containment» strict, d’«endiguement» et d’ostracisation. «Le régime castriste est en train de préparer le transfert du pouvoir: la succession des Castro. Il a besoin de résultats économiques, de la levée de l’embargo, pour que cette transition se fasse en douceur. C’est cela l’agenda ici à La Havane. Il est consternant qu’Obama et le pape collent à cet agenda.»

Le régime prépare la succession des Castro. Il a besoin de la levée de l’embargo pour que cette transition se fasse en douceur. Il est consternant qu’Obama et le pape collent à cet agenda

Antonio Rodiles, dissident politique

Le pape n’a pas choisi d’évoquer le sort des dissidents politiques lors de sa récente visite à La Havane, où des centaines de milliers de Cubains (plus d’un million?) ont répondu à l’appel de Raúl Castro en accueillant dans les rues le pape en masse, dans la «joie» et au nom de l’«hospitalité» à l’égard du souverain pontife. Lequel a insisté sur le message de l’Église, sa miséricorde et son œuvre de réconciliation. Mais silence sur les abus de pouvoir du régime, sur l’absence de liberté de presse ou d’association, sur les prisonniers politiques.

Des centaines d’opposants ont certes été libérés en amont de la venue de François; mais d’autres, dont quelques-unes des célèbres «Damas de Blanco», des «mères» de prisonniers politiques qui manifestent chaque dimanche à la sortie de la messe, ont, elles, bel et bien été arrêtées préventivement à cette occasion. «Plus rien ne marche à Cuba, sauf la répression», résume Rodiles.

Une économie à bout de souffle

Que l’économie cubaine soit à bout de souffle, nul ne le conteste. Les réformes trop timorées de Raúl Castro, et plus encore contradictoires, ont décuplé les inégalités à Cuba et accéléré l’inflation. Partout des restaurants «up-scale» ouvrent, inaccessibles pour la majorité des Cubains. Partout les «casas particulares», ces chambres d’hôtes chez l’habitant, sorte de Airbnb propre à Cuba, se multiplient –au risque de la saturation. Le prix des taxis augmente à vue d’œil. Les «Habana Bus Tour», ces bus rouges à deux étages pour visiter la ville, viennent même de débarquer dans la capitale, comme à Londres, Paris ou New York! Et partout, on voit des voitures de luxe circuler, démonétisant du même coup les «belles américaines», restées inchangées depuis 1959, bien que les touristes raffolent encore de leur charme désuet. Ces derniers sont pourtant, et plus que jamais, exploités: contrairement à ce que disent les tour-operators et les guides de voyage, le rapport qualité-prix est l’un des pires pour les touristes qui visitent Cuba, si on le compare aux autres destinations mondiales à la mode.

Les effets de l’inflation, galopante, et d’une monnaie, non convertible –malgré son nom–, incitent les étudiants les plus talentueux à s’exiler en masse. Cuba renoue aussi depuis quelques années avec une prostitution féminine qui a pignon sur rue –comme au temps du dictateur Fulgencio Batista tant honni. Avec les bars de luxe, où l’alcool coule déjà à flot pour les touristes munis de devises, et après les «bordels», il ne manque plus que les casinos et le jeu pour boucler la boucle! On a parfois l’impression que les Castro vont laisser leur île dans l’état où ils l’ont trouvée en 1959, mais avec cinquante années de retard…

La libéralisation de l’économie existe pourtant, avec parcimonie: 178 emplois ont été ouverts au «privé», notamment dans l’artisanat, le commerce et les services. Mais la loi reste tatillonne et complexe.

Surtout, des pans entiers du système restent archaïques et hermétiquement clos à tous les investissements étrangers, en dépit des intentions des Américains ou des Chinois –déjà très actifs sur l’île. Même à La Havane, les transports publics sont indignes d’un régime prétendûment socialiste; les pénuries d’eau permanentes; les coupures d’électricité fréquentes. Dans le reste du pays, on est encore dans un pays du tiers monde.

Un homme regarde les nouveaux billets de peso devant un bureau de changes, le 2 février 2015, à La Havane | REUTERS/Enrique De La Osa

Contrairement à que l’on croit souvent dans les chambres de commerce de Paris ou de Madrid, où on encourage les entrepreneurs à miser sur les opportunités qui s’offrent dans les Caraïbes, il est encore pratiquement impossible d’investir à Cuba, d’y faire des affaires ou même d’y séjourner longuement légalement. Les transferts de fonds sont délicats et coûteux (bien qu’ils aient été assouplis récemment par Washington pour les citoyens américains); les ouvertures de comptes en banque sont un casse-tête. Et comme dans toutes les dictatures finissantes dont l’économie est à l’agonie, les entrepreneurs étrangers sont plus prisés pour leur argent que pour leur investissement.

La dernière idée du régime consiste à vouloir unifier la monnaie et la rendre convertible. Comme il y a deux monnaies en circulation sur l’île, le peso cubain (ou CUP) et le peso cubain convertible (CUC, qui équivaut à 27 CUP), ce projet –absurde–, consisterait à généraliser la monnaie la plus fragile et la moins convertible. Face à la montée en puissance du dollar sur l’île (ce qui reste pourtant illégal) et à la chute des investissements vénézuéliens (le résultat de la chute des cours du pétrole et la faillite du pays depuis la mort de Hugo Chávez), Cuba est désormais bien seul pour imaginer son avenir. A la glaciation politique s’ajoute l’impasse économique.

Des oppositions fragmentées

Alors, la «chaudière»? La pression monte-t-elle à Cuba et va-t-elle finir par provoquer une saturation, débordant et emportant tout avec elle? Les forces à l’œuvre vont-elles finir par faire exploser toutes les digues idéologiques et sécuritaires? mettre un terme à la «révolution» cubaine? Rien n’est moins sûr.

Il existe clairement une opposition sur l’île. La Unión Patriótica de Cuba (ou UNPACU), véritable coalition régionale d’organisations d’opposition, que dirige José Daniel Ferrer, est la plus structurée et la plus influente. Mais elle est surtout structurée à l’est de Cuba, autour de Santiago. D’autres associations existent, soutenues indirectement depuis Miami, mais elles n’ont guère d’influence sur l’île; du fait d’une presse bâillonnée, elles restent peu connues et ultra-marginalisées. Selon une source fiable, «tous les groupes dissidents sont infiltrés par les services cubains au plus haut niveau». Y compris dans leur base à Miami, selon cette même source.

Yoani Sánchez, pour sa part, est la plus célèbre opposante au castrisme. Sur son blog «Generacion Y» (ici dans sa version en anglais), on y découvre la vie quotidienne des Cubains. Le site décrit, avec la monotonie cultivée d’une entomologiste, les pénuries alimentaires persistantes, les transports publics défectueux et, bien sûr, la corruption généralisée. Sánchez vient de lancer son journal, véritable préfiguration d’un mouvement politique, mais, placée sous surveillance étroite à La Havane et devant rédiger ses textes et ses tweets par SMS et les envoyer secrètement à un contact sûr, probablement en Floride, d’où ils sont postés sur le Web, ses marges de manœuvre sont pour l’instant très limitées.

Le modèle polonais, où Jean-Paul II a joué un rôle majeur dans l’écroulement du communisme, avant 1989, reste dans tous les esprits

L’église est une force d’opposition plus influente –d’où l’importance du voyage récent de François. Le cardinal Ortega, figure du catholicisme ici à Cuba, suivant en cela la doctrine Obama, a choisi de miser sur l’ouverture et le dialogue, plutôt que sur les droits de l’homme. Opposant castriste lorsqu’il était prêtre, ce qui lui a valu d’être décoré récemment par François Hollande, Ortega coopère aujourd’hui «en bonne intelligence» avec le système et multiplie les actions à caractère social et humanitaire. Mais le modèle polonais, où Jean-Paul II a joué un rôle majeur dans l’écroulement du communisme, avant 1989, reste dans tous les esprits.

Enfin, le dynamisme artistique de l’île, toute cette communauté contre-culturelle et underground dans le rap, les arts plastiques, les galeries punk, la scène heavy metal ou le reggaeton, contribue à faire évoluer les mentalités. «La scène métal est très politique, très contestataire, notamment dans sa tendance la plus radicale, le hardcore. Le hip-hop aussi, autour de l’Agence cubaine du rap et du journal en ligne Esquife. En revanche, le reggaeton est plus consensuel, plus commercial, plus mainstream: c’est peu politique, surtout attaché aux belles voitures et aux filles canons», analyse David Chapet, qui organise Brutal Feast, un important festival metal à Cuba.

Un groupe comme OMNI Zona Franca, collectif d’avant-garde qui regroupe une cinquantaine d’artistes transdisciplinaires, multiplie également les performances hip-hop dans les rues, en marge de la loi. «On est un groupe d’intervention musicale expérimentale. Nous menons des actions populaires et politiques mais le gouvernement nous considère automatiquement comme contre-révolutionnaire!» commente Amaury Pacheco del Monte, un des responsables d’OMNI Zona Franca, lequel m’avoue d’ailleurs avoir été arrêté plusieurs fois. L’avant-garde artistique reste donc fragmentée, dispersée et fragile; elle est limitée aux grandes villes; et surtout, elle connaît un fort turn-over car les artistes sont parmi les premiers à s’exiler. «En gros, conclut Amaury, les artistes que je connais et toute ma génération vivent à Miami!»

Impasse scénaristique

Reste un dernier facteur de changement et celui-ci est inexorable. Le chronomètre est enclenché. C’est celui du temps qui passe: l’âge de Fidel et Raúl. La condition humaine qui ne les épargnera pas; la mort qui approche; la nécessité de transmettre le flambeau. Si à Little Havana, le quartier cubain de Miami, les bouteilles de champagne sont déjà prêtes dans l’attente de la disparition du leader Máximo –je les ai vues dans les frigos des opposants cubains en Floride–, sur l’île, nul ne se risque à imaginer l’après-Castro.

Raúl Castro a promis de céder le pouvoir en 2018. Le scénario n°1 de la transition est écrit: le successeur désigné, adoubé, Miguel Diaz-Canel, 53 ans, déjà premier vice-président du Conseil d’État, est un homme effacé, peu connu du grand public, et sans légitimité. Son arrivée au pouvoir pourrait conforter une libéralisation économique doublée d’une reprise en main politique –modèle vietnamien ou, pour une part, chinois.

Les militaires pourraient-ils –et ce serait le deuxième scénario– vouloir prendre, à l’occasion du départ des Castro, les commandes politiques du pays (ils ont déjà les commandes économiques et sont à la tête de l’imposant complexe militaro-touristique via le gendre de Raúl)? Un tel scénario est pour l’heure, selon de bons connaisseurs du dossier, strictement «théorique» tant l’armée, rechigne, à Cuba, à sortir de son rôle et de sa discrétion. Mais l’histoire récente, par exemple en Égypte, montre que l’armée peut évoluer dans son rapport au pouvoir.

Un militant pour les droits homosexuels pendant la huitième marche annuelle contre l’homophobie et la transphobie, à La Havane, le 9 mai 2015 | REUTERS/Stringer

L’hypothèse d’un maintien durable des «Castro», via le fils ou l’une des filles de Raúl, n’est pas à exclure non plus. Le fils, Alejandro Castro Espín, est colonel de l’armée, mais il n’a aucun rôle officiel (il a toutefois accompagné son père au sommet des Amériques au Panama cette année). Il reste très discret.

Parmi les filles de Raúl, Mariela est la plus connue: elle s’est spécialisée dans la lutte contre le sida, est pro-LGBT et se montre très favorable aux transsexuels (mais en monopolisant ainsi la parole sur ces sujets, en bonne stalinienne, elle empêche de fait toute association LGBT d’émerger et toute loi pro-gay d’être adoptée). Le président François Hollande, lors de sa visite à Cuba en mai dernier, a abordé la question LGBT avec Raúl Castro, lequel lui aurait répondu «être d’accord avec Mariela» mais qu’il ne fallait pas brusquer les mentalités, l’Église et la conception de la famille des Cubains. Mariela est donc trop atypique pour pouvoir incarner un avenir. Si une transition avec un «Castro» donnerait inévitablement une légitimité au nouveau pouvoir, ce scénario reste hautement improbable.

Enfin, il y a «Miami». Près de 2 millions de Cubains vivent aux États-Unis (dont 1,2 million en Floride), et ils représentent une force considérable, sur le plan économique autant que politique. Si la situation devait changer sur l’île, ils seront désireux de «reconstruire» Cuba, économiquement, à la manière de l’Allemagne fédérale avec la RDA. Ce scénario ne peut pas être exclu.

En fin de compte, les dirigeants cubains se trouvent aujourd’hui face à une impasse. Réformer, c’est nier leur passé et la révolution cubaine. Maintenir le statu quo, c’est voir les inégalités s’accroître d’une manière intolérable et les frustrations sociales risquer de provoquer la chute du régime. Se rapprocher des États-Unis –le seul partenaire crédible désormais–, c’est consacrer la victoire des anti-castristes de Miami. Un diplomate en poste à La Havane peut résumer en conclusion: «Les dirigeants cubains ont entre les mains un Rubik’s Cube. Ils essayent des combinaisons. Ils se demandent comment faire. Mais de quelque manière qu’ils regardent, ils ne trouvent pas de solution.»

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