Sitôt le procès Clearstream achevé, Dominique de Villepin s'est posé en «alternative républicaine» face à Nicolas Sarkozy, un retour politique qui provoque l'irritation de l'UMP et donne le sourire à l'opposition. Il a pris implicitement date pour la présidentielle de 2012, à travers son réquisitoire contre l'action du président, arrivé à la mi-mandat de son quinquennat. Cet article revient sur le chemin qui sépare l'ancien premier ministre de 2012.
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Il en rêve, il le proclame: Dominique de Villepin pense avoir ses chances pour la présidentielle de 2012. Depuis qu'il a quitté Matignon en 2007, il s'imagine en alternative à droite à son ennemi juré: Nicolas Sarkozy. Ces derniers mois, il ne cache plus son intention d'être candidat. «L'élection, c'est une question de circonstance», répète-t-il à longueur d'interviews. Pas faux. Mais encore faut-il que les «circonstances» justement lui soient favorables, ce qui est loin d'être le cas. Même s'il sort sans trop de dégâts du procès Clearstream, Villepin a encore de nombreux obstacles à surmonter pour arriver à ses fins. Car l'ancien Premier ministre est loin d'avoir le poids politique qu'il prétend. Ses handicaps sont nombreux. Revue de détail.
1) Un bilan plus que mitigé
Son passage à Matignon n'a pas laissé un souvenir inoubliable aux Français. De ses deux années à la tête de l'Exécutif, on se souvient surtout du contrat nouvel embauche (CPE) qui lui a mis à dos toute la jeunesse. Cette mesure a été très mal gérée, DDV s'obstinant à mener un bras de fer avec l'opinion alors que celle-ci rejetait clairement sa mesure. Il a finalement perdu beaucoup de soutiens dans cette affaire qui s'est soldée piteusement puisqu'il a été contraint de renoncer à sa réforme. En fait, Villepin reste surtout apprécié pour son action au ministère des Affaires étrangères. Il est respecté et admiré pour son discours devant les Nations Unies dans lequel il expliquait le refus de la France de mener la guerre en Irak. Une belle performance mais qui commence à dater (février 2003).
2) Des soutiens clairsemés.
Le lancement en juin dernier d'un Club Villepin animé par l'ancienne ministre chiraquienne Brigitte Girardin ne doit pas faire oublier une réalité: le prévenu de l'affaire Clearstream est un homme seul. Ou presque. Seule une poignée de députés comme Hervé Mariton, Georges Tron ou Jean-Pierre Grand, se déclare «villepinistes». C'est maigre. En marge de l'UMP, DDV ne peut pas s'appuyer sur un groupe d'élus acquis à sa cause comme l'avait fait Nicolas Sarkozy pour conquérir l'Elysée en 2007. Même au plus fort de sa popularité lorsqu'il a été nommé à Matignon, il n'a pas su rassembler autour de lui alors qu'il aurait pu facilement séduire les chiraquiens hostiles à Sarkozy. La raison de ce ratage: son mépris des élus, trop ostensiblement affiché. Des «cons», aimait-il à dire. Des cons qui aujourd'hui le regardent de loin se débattre dans ses ennuis judiciaires.
3) Une absence de base électorale
C'est le talon d'Achille de Dominique de Villepin: il n'a jamais été élu au suffrage universel. Ce qui n'est pas forcément une tare pour entrer à Matignon devient un sérieux handicap lorsqu'il s'agit de briguer la présidentielle. DDV n'a pas de fief sur lequel construire son éventuelle ascension. Il n'a pas non plus l'expérience des campagnes électorales. Faux! rétorque-t-il: il était à la manœuvre pour les deux élections de Jacques Chirac en 1995 et 2002. Mais c'est autre chose que de se retrouver soi-même en première ligne.
4) Un problème de popularité
Sans parti, sans réels soutiens, sans fief, Villepin ne dispose pas non plus d'un soutien massif dans l'opinion contrairement à ce qu'il veut faire croire. Selon le baromètre des personnalités réalisé par IFOP pour Paris-Match tous les mois, il tourne autour de 50% de bonnes opinions. Un score pas négligeable mais pas à s'extasier non plus. Par comparaison, il arrive derrière d'autres personnalités de droite comme Michèle Alliot-Marie, Alain Juppé, le Premier ministre François Fillon ou le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand. Pire pour lui, les Français ne semblent pas croire à son possible retour. Selon une étude BVA pour Orange, l'Express et France Inter à paraître cette semaine, ils sont 56% à penser qu'il n'a pas d'avenir politique...*
Ariane Istrati
Image de une: Dominique de Villepin quitte l'Elysée, le 15 mai 2007. Jacky Naegelen / Reuters
*Ce chiffre date de septembre. Villepin ne figure plus dans ce même classement en octobre.