Si Radiohead était mort, il se retournerait dans sa tombe. Mais le célèbre groupe de pop-rock britannique est bien vivant et il doit certainement être furieux, car le Royaume-Uni a utilisé une de ses chansons cultes, «Karma Police», comme nom de code d’un de ses programmes de surveillance, rapporte le site The Intercept. Un comble, alors que le morceau visait précisément à dénoncer cette «surveillance des esprits», et une sorte d’ironie de l’histoire qui crée l’illusion d’une vision prémonitoire du chanteur Thom Yorke.
Selon le site qui publie de nouveaux documents fournis par Edward Snowden, informaticien américain et lanceur d’alerte à l’origine du scandale des écoutes de la NSA, les services secrets britanniques espionnnent depuis 2008 des millions d’internautes en recueillant chaque jour plus de 100 milliards de méta-données concernant l’historique de leurs visites, emails, appels skype, réseaux sociaux ou même sites porno.
Les autorités britanniques avaient pour ambition de créer «le plus vaste système de surveillance au monde», rapporte The Intercept. Et ce, sans la moindre autorisation par un juge ou une cours de justice.
La réalité rattrappe la fiction
Cette aspiration massive d’information visait notamment à repérer de potentiels terroristes se revendiquant de l'Islam. En 2009, le quartier général des communications du gouvernement (GCHQ) a ainsi passé au peigne fin les habitudes musicales sur des radios en ligne de près de 200.000 personnes dans plus de 185 pays, y compris de radios a priori pas très portées sur l'islam. En France, les auditeurs de Hotmix ont été par exemple pris pour cible.
Et l'on pense aux paroles du morceau de Radiohead, dans lequel une fille et un homme sont arrêtés pour leurs simples goûts (elle, parce que sa coiffure ressemble à celle d'Hitler et lui, parce qu'il a une étrange façon de parler: «Il bourdonne comme un frigo/ Il est comme une radio mal réglée»). Pour rappel, le morceau «Karma Police» était tiré d'un album titré Ok Computer.