, rapporte La Croix. Dans ce bilan dressé sur la santé des immigrés en situation irrégulière dans onze pays de l'Europe de l'Ouest, on constate que près d'un sans-papiers sur deux n'est pas soigné. Le quotidien catholique raconte l'histoire de Zabel, jeune femme arménienne installée aux Pays-Bas, à qui les médecins d'un hôpital ont refusé deux fois des soins et des examens pour ses douleurs aiguës d'estomac: «Vous n'avez pas d'assurance, vous devez payer», lui a-t-on rétorqué.
Le rapport de Médecins du Monde, rendu public aujourd'hui, a été réalisé sur la base de 1 220 entretiens, et dans 11 pays d'Europe de l'Ouest. La situation rapportée par l'ONG est alarmante: les besoins de soins des immigrés en situation irrégulière sont très importants. Selon les médecins et infirmiers qui ont mené l'enquête dans les centres d'accueil de MDM, deux tiers des personnes rencontrées ont au moins un problème de santé. Les maladies les plus diffuses parmi cette population sont les troubles ostéoarticulaires (arthrose...), digestifs (ulcères...) et psychologiques (insomnies, anxiété diffuse, psychose). Dans 16 % des cas, le pronostic vital est «probablement ou sûrement mauvais en l'absence de traitement». Le président de Médecins du monde, Olivier Bernard, constate: «Les conditions de vie des sans-papiers sont marquées par la précarité. Leur environnement est pathogène. C'est pourquoi ils sont en moins bonne santé que la moyenne des gens».
Les sans-papiers en Europe se soignent mal ou pas du tout: 45 % des personnes victimes de problèmes de santé disent ne pas suivre de traitements ni faire l'objet d'examens de santé. Et près de la moitié des sondés avouent avoir «renoncé au cours des douze derniers mois à des soins pour eux-mêmes», note le rapport. Des chiffres qui grimpent à 68 % en Suède. Les personnes interrogées évoquent différentes causes pour cet écart des structures médicales. Une de premières est la peur des arrestation et des reconduites aux frontières. Ensuite il y a la complexité du système administratif.
Le coût des consultations et des traitements constitue un autre obstacle à l'accès aux soins. «Il faut distinguer deux types de pays, précise Nathalie Simonnot, responsable des programmes de Médecins du monde. Il y a ceux comme la France ou l'Espagne qui prévoient le remboursement des soins et ceux comme l'Allemagne ou la Suède où les pathologies courantes ou chroniques ne sont pas prises en charge.» Mais même quand la loi prévoit la gratuité des soins, seul un tiers des sondés y a accès dans la pratique. Mais la donnée la plus grave est celle du refus des soins: 14 % des sondés disent avoir subi un refus lors de leur dernière maladie. Ce pourcentage est très élevé aux Pays-Bas (33 %), au Royaume-Uni (27,6 %) et en Belgique (25,3 %), mais plus faible ou nul dans les autres pays tels que la France (5,3 %) ou l'Espagne (1,3 %).
Ces difficultés mettent en danger surtout la santé des enfants des sans-papiers: ainsi, 29 % des parents disent avoir renoncé à des soins pour leurs enfants au cours des douze derniers mois. Ils se retrouvent à renoncer aux consultations, vaccinations, soins dentaires, voire achat de lunettes. De plus, une femme enceinte sur deux seulement dit bénéficier d'un suivi de grossesse. Le rapport conclut: «Les femmes sans autorisation de séjour ne bénéficient pas en Europe du suivi de grossesse adapté permettant de les protéger elles et leurs enfants à naître».
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