La relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni est-elle sur le déclin? La Maison Blanche a rejeté les demandes répétées, cinq au total, du Royaume-Uni, qui voulait organiser une rencontre officielle entre le président américain Barack Obama et Gordon Brown en marge du sommet des Nations Unies à New York. En revanche, Obama a assisté à des réunions en tête-à-tête avec les dirigeants du Japon, de la Chine et de la Russie.
La presse britannique se demande s'il faut voir dans cet incident un signe de refroidissement entre les deux alliés historiques, notamment après l'affaire de la libération de Megrahi, l'auteur de l'attentat de Lockerbie. Obama avait qualifié ce geste d'«erreur».
«Je ne pense pas que le président a quelque sentiment négatif envers le Royaume-Uni, je ne vois simplement pas pourquoi il devrait nous considérer comme un pays spécial» écrit Mark Mardell, spécialiste de l'Amérique du nord à la BBC.
Le Telegraph est moins prudent, et n'hésite pas à parler de la rebuffade d'Obama. Selon le quotidien, la «relation spéciale» entre les deux pays «a atteint son plus bas en 20 ans.» Humiliation suprême, Downing Street aurait même changé sa position sur l'approvisionnement de l'Afrique en vaccin contre la grippe A pour s'aligner sur celle des Etats-Unis, et avoir ainsi un prétexte de conférence de presse commune. Mais ce changement n'a pas eu l'effet escompté.
«Il est faux de dire que nous avons pris les choses avec philosophie, a déclaré une source diplomatique au quotidien. Il y a eu cinq tentatives d'organiser une rencontre et aucune n'a abouti.»
Un porte-parole de Downing Street a nié le prétendu snobisme de la Maison Blanche, affirmant que de telles affirmations étaient «absolument sans fondement» et que Brown et Obama avaient eu une «discussion sur de nombreux sujets suite au dîner sur le changement climatique» à New York. Mais selon la BBC, il ne s'agissait en fait que d'une «conversation de quelques minutes dans une cuisine des Nations Unies.»
Le Guardian voit la volonté d'Obama, réitérée cette semaine à l'ONU, de mettre fin à l'unilatéralisme des Etats-Unis comme une menace pour la relation américano-britannique. Au lieu de fonctionner en tandem, comme Bush l'a souvent fait avec Blair, les Etats-Unis chercheraient à multiplier les alliances à travers la planète, laissant de côté la «special relationship» avec le Royaume-Uni.
«Les informations suggérant des problèmes dans la relation bilatérale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont totalement absurdes» a affirmé pour sa part un porte-parole de la Maison Blanche.
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Image de Une: Obama et Brown, REUTERS/Jason Reed