Voici le grand méchant capitaliste: Martin Shkreli, patron d’un fonds d’investissement ou hedge fund, a racheté une entreprise pharmaceutique qui produit un traitement important pour les patients atteints de VIH a et multiplié le prix de ce traitement par… 55. Le Daraprim est passé de 13,50 dollars initialement à 750 dollars désormais, rapporte The Independent, soit une augmentation de 5.500%. Le Washington Post affirme pour sa part que le prix était initialement de 18 dollars, mais cela n’en ferait pas moins une augmentation de 4.100%.
Le Daraprim, aussi appelé pyrimethamine, n’est pas un traitement directement anti-VIH mais il permet de lutter contre une maladie souvent contractée par les patients qui en sont atteints, la toxoplasmose.
Nasdaq en chute
La décision de la firme Turing Pharmaceuticals a fait réagir deux associations de santé, qui ont écrit à son responsable en jugeant «injustifiable» cette hausse au regard de la vulnérabilité des patients. Elle a aussi provoqué un tweet de la sénatrice et candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, qui a promis de prendre des mesures.
«Le creusement des prix, comme dans le marché de la médecine de spécialité, est scandaleux», s’est-elle exclamée, faisant chuter dans la foulée l’indice biotech du Nasdaq de plus de 5%, et lui faisant perdre l’équivalent de 15 milliards de dollars en quelques heures.
Price gouging like this in the specialty drug market is outrageous. Tomorrow I'll lay out a plan to take it on. -H https://t.co/9Z0Aw7aI6h
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 21 Septembre 2015
«Le gonflement des prix comme celui-ci sur le marché des spécialités pharmaceutiques est scandaleux. Demain, j’établirai un plan d’action à ce sujet.»
Doigt d'honneur
Le hedge funder n’a visiblement cure de la réaction outragée que sa décision a suscitée. Martin Shkreli a posté lundi 21 septembre après-midi sur son compte Twitter un extrait moqueur d’une chanson du rappeur Eminem intitulée «The Way I am» (qu’on pourrait traduire en français par «C’est ma façon d’être»):
«J’ai l’impression que les médias me pointent du doigt. Alors je les pointe à mon tour, mais pas avec l’index ni l’auriculaire.»
Il a aussi qualifié «d'imbécile» un journaliste qui lui demandait pourquoi il avait augmenté le prix du médicament.
Un de ses porte-parole a toutefois annoncé que le groupe était en pourparlers avec les hôpitaux et cliniques pour que le médicament soit gratuit pour les patients sans couverture médicale.