Alors que la France a hésité entre la peur des réfugiés et un mouvement de bienvenue tardif, explique le New York Times «un fait blessant a été largement passé sous silence par les politiciens: les migrants votent avec leurs pieds, et ils ne choisissent pas la France. La fierté nationale permet à peine d'en prendre connaissance, mais des dizaines de milliers de Syriens et d'Irakiens affluent pourtant vers l'Allemagne, tandis qu'en comparaison, seule une poignée de migrants s'achemine vers [la France]. Les migrants s'entassant dans des trains en Hongrie crient: "Allemagne! Allemagne!" et non "France, France".»
Selon le New York Times, c'est notamment le manque d'enthousiasme de la part des Français qui n'est pas passé inaperçu. Et les conditions d'accueil déplorables n'arragent rien. Le quotidien américain note que la France est ainsi passée de leader en termes de demandes d'asile à cinquième ou sixième dans les trois premiers mois de l'année.
«Les gens qui viennent ici ont l’Allemagne en tête, les passeurs leur ont vendu un eldorado. Ils n’ont pas pensé à la France» expliquait d'ailleurs Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra, au Monde, le 12 septembre.
Dans cet article, deux jeunes frères syriens de 23 ans et 18 ans, qui voulaient rester en Allemagne et ont été convaincus par Pascal Brice de rejoindre la France –le directeur avait été dépêché à Munich dans ce but, permettre à la France d'accueillir sa part de réfugiés– expliquent que leurs parents ont été «très choqués» d’apprendre qu’ils avaient accepté de venir en France.
Manque de dynamisme économique
Sur France 3, un reportage listait le 17 septembre d'autres facteurs: le regroupement par exemple. Beaucoup de Syriens étant déjà installés en Allemagne et en Suède, les nouveaux arrivants préfèrent les rejoindre. Francetv info, reprenant ce reportage de France 3, notait aussi:
«La lenteur des procédures en France est un frein pour les réfugiés, sachant qu'en Allemagne et en Suède, "les délais sont plus courts et les conditions d'attente beaucoup plus favorables". Enfin, le dynamisme économique français ne séduit pas. "Ces réfugiés sont pour la plupart éduqués, formés et ils veulent s'installer et travailler. Là encore, la Suède et l'Allemagne sont plus attractives que la France"»