Elle aurait pu ne jamais revenir. À l’occasion du lancement d’une exposition du Science Museum de Londres consacrée à la conquête spatiale soviétique, la première femme à avoir effectué un vol spatial, la Russe Valentina Terechkova, est revenue sur les conditions de ces trois jours passés autour de la terre dans un vaisseau Vostok, dont la capsule fait partie des objets présentés au public.
D’abord, pour l’anecdotique: une fois dans la capsule lancée par une fusée R-7, elle s’est aperçue qu’on avait stocké de quoi manger, boire et du dentifrice… mais pas de brosse à dents. Mais elle a ensuite raconté ce qui a failli lui coûter la vie:
«Ma brosse à dents n’était rien comparé au fait que la navette spatiale était programmée pour monter, mais pas pour descendre. Ça, c’était une vraie erreur».
A mesure qu'elle effectuait ses 48 orbites autour de la terre, le vaisseau s'en éloignait au lieu de s'en rapprocher...
Éjectée à sept kilomètres d'altitude
L’erreur d’orientation a pu être corrigée à distance par la station de contrôle. La cosmonaute devait diriger manuellement le Vostok et le maintenir stable tout en actionnant le moteur qui devait lui permettre de quitter son orbite et de redescendre sur Terre. Elle a pu s’éjecter à sept kilomètres d’altitude.
Source SPACE.com: All about our solar system, outer space and exploration
Envoyer une femme avant les Américains était un signe clair envoyé pour démontrer la supériorité du régime soviétique
La cosmonaute, qui a effectué le vol à 26 ans, deux ans après le premier vol habité dans l'espace par Youri Gagarine, a toutefois demandé à l’époque que l’ingénieur à l’origine de l’erreur ne soit pas sanctionné. Elle a ensuite gardé le secret pendant 30 ans.
Vostok 6 était une mission réalisée conjointement à un autre programme spatial soviétique habité, Vostok 5, et les deux vols se sont croisés à quelques kilomètres l’un de l’autre, établissant un contact radio. Après le vol réussi de la cosmonaute, le directeur du programme spatial russe a pourtant décidé de ne plus envoyer de femmes dans l'espace, jugeant l'opération trop dangereuse.
Terechkova et d'autres femmes cosmonautes avaient alors protesté et écrit au comité central du parti communiste. Envoyer une femme avant les Américains était pourtant un signe clair envoyé pour démontrer la supériorité du régime soviétique: Nikita Khrouchtchev avait au retour de Terechkova acclamé son exploit et moqué la «bourgeoisie» qui considérait les femmes comme faisant partie du sexe faible. Il faudra attendre vingt ans pour qu'une seconde cosmonaute, Svetlana Savitskaya, participe à une mission spatiale.
En orbite lors de la dissolution de l'URSS
Lors de la conférence de lancement de l’exposition se trouvait également le cosmonaute Sergei Krikalev, qui a passé plus de 800 jours dans l’espace et a été le dernier cosmonaute en mission de l’histoire soviétique –il se trouvait en orbite autour de la terre quand l’URSS a été dissoute en décembre 1991.
«Mais le contrôle au sol a continué de fonctionner, a-t-il expliqué. Nos opérations dans l’espace étaient bien plus stables que ce qui se passait sur terre.»