Il s'appelle Mustapha Kessous, mais il ne dit plus son prénom: cela provoque trop de réactions hostiles. Il est journaliste au Monde, et ça il le dit, mais souvent ça ne sert à rien, parce qu'on ne le croit pas. Mustapha Kessous est victime de racisme ordinaire; il le raconte dans un long article publié dans son journal.
Il raconte l'humour de Brice Hortefeux: «Je le sais [qu'il a de l'humour], il m'a fait une blague un jour», explique Mustapha Kessous. «Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau [pour une interview]. Je ne l'avais jamais rencontré. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : "Vous avez vos papiers ?"»
Sa carte de presse et le prestigieux journal pour lequel il travaille n'y font rien. «Certains n'hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'"un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !"»
Tout ça pourrait être de la paranoïa. Kessous l'a espéré. Mais rien à faire, c'est récurrent. Les réflexions pleuvent depuis toujours. Depuis son enfance passée dans les beaux quartiers de Lyon, depuis l'école catholique où on lui clamait de retourner dans son pays, encore lors d'un stage de perfectionnement de journalisme on lui demande s'il est au Monde parce qu'il leur fallait un Arabe. Les contrôles de police incessants, les boîtes de nuit, les restaurants qui refusent leur entrée, les agences immobilières qui l'ignorent, les taxis qui passent sans s'arrêter, les vigiles qui le suivent à la trace dans les magasins parce qu'il a la peau trop foncée. Mustapha Kessous raconte une pléiade d'anecdotes.
«Des histoires comme celles-là, j'en aurais tant d'autres à raconter. On dit de moi que je suis d'origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un "beurgeois", un enfant issu de l'immigration... Mais jamais un Français, Français tout court.»
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