Expansion de Daech, conflit intérieur en Syrie, populations en fuite, crise des frontières en Europe… La région du monde qui s’étend de l’Europe occidentale au Moyen-Orient est en train de faire face à une instabilité rare et les fondations sur lesquelles elle repose sont encore un peu plus fragilisées aujourd’hui.
Pour John Bew, spécialiste en histoire et politique étrangère au King’s College de Londres, la notion d’«ordre mondial» revient à la mode, mais pour de mauvaises raisons. Il écrit dans la revue New Statesman que «les massacres à grande échelle, l’effondrement des États et les énormes déplacements de population près des frontières de l’Europe sont des symptômes montrant que de vieilles certitudes sont en train d’être sapées».
L’ordre mondial a longtemps été façonné par l’Occident (Etats-Unis et Angleterre en tête), grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et de l’affrontement avec le bloc communiste. Mais depuis la chute du mur, «notre ordre mondial moral et mondial a eu sa part de chocs», écrit John Bew, en citant par exemple le massacre de Srebrenica et l’échec des grandes puissances dans la gestion de cette tragédie. La crise actuelle au Moyen-Orient porte un nouveau coup aux traités internationaux et à l’équilibre qui subsistait entre les grandes puissances, comme le prouvent les longues tergiversations autour d’une intervention ou non en Syrie et l’incapacité des pays européens à mettre en place une politique migratoire commune.
L’auteur de l’article s’en prend en particulier à l’Angleterre et sa stratégie «ridicule». Selon lui, une «approche plus européenne est nécessaire» sur le dossier de la crise des réfugiés et de l’intervention en Syrie. Il estime ainsi que, si son pays veut aider à rétablir une sorte d’unité dans la politique européenne, il doit reconnaître qu’il a un intérêt à garder une sorte d’ordre mondial; et surtout que laisser les autres s'en charger, ce qu'elle fait actuellement, n’a pas bien fonctionné lors des crises passées.