«Les contrôleurs aériens français travaillent quasiment à mi-temps dans la plus parfaite illégalité.» La première phrase de l'enquête menée par des journalistes du Figaro sur les contrôleurs français annonce la couleur.
Selon le quotidien, les contrôleurs ont mis au point un système baptisé «clairance», en référence à un terme du jargon aéronautique désignant une autorisation d'atterrir ou de décoller, devenu au fil du temps une autorisation de rester chez soi.
Selon une source syndicale interrogée par le Figaro, beaucoup de contrôleurs aériens n'assurent que 12 heures par semaine soit 80 jours de travail effectif par an, contre les 24 heures hebdomadaires et les 160 jours qu'ils sont censés assurer:
«En principe, les contrôleurs doivent travailler par équipes tournantes, de quinze personnes à Roissy par exemple. Théoriquement, ces quinze personnes sont toujours à leur poste et sont d'ailleurs payées pour cela. Mais dans la réalité, plusieurs manquent à l'appel. Leur absence est consignée dans un «cahier de clairance» qui organise le temps de travail et la rotation de l'effectif de manière totalement illégale.»
Cette pratique, qui a pour conséquence de réduire le nombre de contrôleurs aériens présents en même temps sur un aéroport, serait à l'origine de nombreuses diminutions du nombre de mouvements d'avions sur les pistes, et serait donc la cause de nombreux retards injustifiés dans les aéroports parisiens. Plus grave, le journal cite plusieurs cas où des avions auraient été «proches» de la collision en raison d'ordres inappropriés des contrôleurs aériens.
Les Aéroports de Paris et Air France n'ont fait aucun commentaire mais la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) «ne dément pas l'existence de ce système.» Suite à la publication de l'enquête du Figaro, le secrétaire d'Etat chargé des Transports Dominique Bussereau a demandé dans un communiqué à la direction de la DGAC «de lui faire parvenir dans les 24 heures des éléments d'analyse et d'information sur les événements rapportés», rapporte le journal Le Monde. «La sécurité aérienne est une priorité absolue pour le transport aérien», peut-on y lire.
En parallèle, le site du quotidien a mis en ligne un enregistrement radio édifiant, sur lequel on peut entendre l'échange violent entre un contrôleur aérien et un pilote d'Air France, qui lance un «vous ne foutez rien» retentissant accompagné de noms d'oiseaux à son interlocuteur.
La situation n' est pas la même dans tous les pays. Kyle Davis, cet Américain qui avait fait atterrir son avion sur un grand boulevard de Californie, n'a eu à négocier avec aucun contrôleur avant de toucher terre.
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Image de Une: Un terminal de l'aéroport Roissy CDG REUTERS