C’est un édito comme on en lit rarement dans la presse française, ou bien qu’on ne lit généralement que le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. C’est pourtant sans occasion particulière qu’Andrew Edgecliffe-Johnson, rédacteur en chef en charge des États-Unis au quotidien britannique Financial Times, publie ce message à l’intention de tous les employés masculins, pour les inciter à œuvrer pour l’égalité professionnelle entre hommes et femmes. Une façon peut-être justement de dire que cette cause ne nécessite pas d’occasion particulière pour qu’on se penche dessus.
Andrew Edgecliffe-Johnson commence par rappeler les chiffres et les nombreuses études qui font état de discriminations à l’égard des femmes: elles sont cantonnées aux métiers dits «féminins», gagnent 25% de moins que leurs collègues masculins, ne sont à la tête que de six entreprises sur les cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres et ne forment respectivement que 21% et 23% des rangs de managers et directeurs chez Google et Facebook, par exemple. Bien sûr les choses évoluent un petit peu, note Andrew Edgecliffe-Johnson. Mais à ce rythme-là, l’égalité professionnelle ne serait pas atteinte avant… 2096!
Rassemblez des données
En observant ces faits, et en constatant que même dans ces entreprises a priori ouvertes au changement que sont Google et Facebook les choses n’évoluent que très lentement, les hommes, qui ne sont pas directement concernés par ces discriminations, pourraient être tentés de baisser les bras:
Demandez à votre collègue qui vient d’interrompre une femme de la laisser finir. Dans les entretiens d’embauche, demandez pourquoi telle femme n’est pas sélectionnée
«Ces chiffres sont décourageants, et il est tentant de penser que le fossé existant entre les hommes et les femmes est trop grand pour que vous puissiez y changer grand chose.»
Il existe, pourtant, une chose simple que les hommes peuvent faire, suggère le journaliste: rassembler des données sur votre entreprise. Trouver quelle part de femmes et d’hommes sont augmentés, combien d’hommes et de femmes partent, quelles différences de salaires existent.
«Mieux: inciter votre entreprise à mettre en place des politiques de recrutement, d’évaluation et de rémunération qui limitent ces discriminations», écrit Andrew Edgecliffe-Johnson.
«Donnez votre avis»
Entre autres choses toutes simples, le rédacteur en chef États-Unis du Financial Times recommande à ces mêmes hommes de bonne volonté d’ouvrir les listes de personnes qu’ils suivent sur Linkedin ( ou tout autre réseau social utilisé de manière professionnelle, pourrait-on ajouter) à des responsables féminins, afin d’avoir «d’autres perspectives», notamment des lectures sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Ou bien de tout simplement dialoguer avec les femmes de leur entreprise en leur demandant les raisons pour lesquelles elles ne gravissent pas les échelons.
Et enfin, n’hésitez pas à donner votre avis («speak up»), recommande Andrew Edgecliffe-Johnson:
«Demandez à votre collègue qui vient d’interrompre une femme de la laisser finir. (...) Dans les entretiens d’embauche, demandez pourquoi telle femme n’est pas sélectionnée. (...) Et quand vous participer à une conférence, demandez aux organisateurs d’avoir une répartition équilibrée.»
Et il ajoute: «Oh, et quand vous rentrez à la maison, faites aussi la vaisselle.»