Boire & manger

Neuf bonnes raisons d’aller déguster du whisky le dernier week-end de septembre

Temps de lecture : 9 min

Le plus grand salon de dégustation d’Europe, le Whisky Live Paris, dont Slate est partenaire, prend ses quartiers en bord de Seine, à la Cité de la Mode, les 26 et 27 septembre. L’événement qu’aucun amateur de malt et autres spiritueux vieillis ne saurait rater. Comme on est sympa à Slate, on vous balise le terrain: voici les pépites à y découvrir avant tout le monde.

Whisky Live, édition 2013. DR.
Whisky Live, édition 2013. DR.

Les initiés prennent soin de bloquer sur leur agenda le dernier week-end de septembre d’une année sur l’autre, mais les distraits ont encore deux semaines devant eux pour réserver leur billet et se préparer. Oui, se préparer, car le Whisky Live Paris (le WLP pour les habitués), dont Slate est partenaire pour la troisième année consécutive, c’est un peu le sommet indépassable de la saison pour qui apprécie les spiritueux de dégustation, au premier rang desquels le whisky. Et le sommet, cette année, touche à l’Everest. Le Salon quitte la Mutualité, devenue trop étroite et surchauffée par la foule –l’an passé, on a pu croiser Serge Valentin, l’homme aux +10.000 dégustations armé d’un éventail en dentelle noire: il était temps de déménager.

Le WLP prendra donc ses aises en bord de Seine, à la Cité de la mode et du design, sur un plateau de 3.400 m2 qui réunira sur un même planisphère tous les continents des spiritueux, plus de 130 marques (15% d’exposants supplémentaires comparé à la dernière édition), des bars, des masterclasses, etc. Autrement dit, pas question de se pointer en tongs: on révise avant, et on se tient prêt pour profiter autant que possible de tout ce que l’événement a à nous offrir. A savoir:

1.Un laboratoire de tendances

Si le WLP s’avère le plus bel observatoire des tendances qui émergent ou se confirment, Thierry Benitah, son organisateur et patron de La Maison du Whisky, en est la vigie: «2015 a confirmé que nous sommes désormais en présence d’un marché à deux vitesses, relève-t-il. D’un côté les whiskies à moins de 50€ essentiellement présents en grande distribution, et de l’autre des produits à plus de 100-150 € qui partent aujourd’hui très vite. Autres confirmations: la forte demande pour les produits de niche, les malts plus exclusifs, et l’explosion du nombre de distilleries. Chaque matin quand on se lève, une nouvelle sort de terre, impossible de les compter! Les whiskies japonais restent très forts, bien que le choix se resserre, les bourbons et les ryes s’envolent, portés par la mixologie, les irish également, et les whiskies du monde, tirés par deux locomotives, le taïwanais Kavalan et l’indien Amrut. Parmi les nouvelles tendances, on observe une multiplication de l’offre de whiskies de grain, y compris chez les négociants. Du jamais vu. Reste à savoir si le public suivra. On constate une demande en hausse pour les malts français, et l’émergence des produits à façon, c’est à dire créés par des distilleries pour diverses marques. Enfin, les blended malts, bien placés en termes de prix, séduisent de plus en plus. En revanche, l’intérêt pour les micro-distilleries, s’il est réel, souffre d’un léger retard par rapport à la folie qui s’est emparée du monde. On sent que les Français restent encore attirés par les produits un peu plus âgés.»

2.L'engouement pour les flacons vintage

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«Comme on le pressentait, poursuit Thierry Benitah, le marché des collectors atteint des sommets et devient une part importante de notre chiffre d’affaires en boutique.» Une tendance qui mérite un paragraphe à elle seule, puisque le WLP lui dédie un deux salles, pour les rhums et les malts. Le principe? On achète ses jetons sur place, et on s’offre le plaisir unique de déguster l’une de ces raretés qui vous tirent des larmes, vous font parler le langage des anges: un Glen Garioch 1971 (l’époque où il était tourbé) ou un Laphroaig 1970 embouteillés par Samaroli à 59,6 et 54%, un Karuizawa 1968 (61,10%), un Ardbeg 10 ans Black Label (40%), un Springbank 1966 Local Barley… La liste est magnifique, mais j’ai dû promettre de vous laisser des surprises. Le traditionnel Espace VIP, lui, s’installe sur 270 m2 pour permettre aux détenteurs du badge ad hoc de déguster au calme des dernières exclus et éditions limitées.

3.Bienvenue dans la fin des âges

En vertu d’un principe connu sous le nom de «loi de l’offre et de la demande», les stocks de vieux whiskies fondant plus vite que la calotte glacière sous l’effet de l’avide soif mondiale pour les malts, les distilleries ont dû se résoudre à faire tomber l’âge de leurs étiquettes (on revient bientôt plus longuement sur le sujet). Depuis trois ou quatre ans, les NAS (No Age Statement, autrement dit whiskies sans compte d’âge) prennent d’assaut le marché. En avant-première au WLP, allez déguster les Dalwhinnie Winter’s Gold, distillé dans le coin le plus frisquet d’Ecosse, Oban Little Bay, Hibiki Harmony, Scapa Skiren, produit dans les îles Orcades, le Kavalan Distillery Reserve (tourbé) édité pour le Whisky Live, le Chichibu Peated 2015 (à 62,5%), le Glenfiddich The Original, reproduction très attendue du «Straight Malt», le whisky qui inventa le single malt au début des années 60… Les deux nouveaux NAS des distilleries de Nikka, Yoichi et Miyagikyo, qui ne sortiront qu’en début d’année prochaine. Et bien d’autres.

4.Du nouveau chez les Frenchies

Les Bretons d’Armorik, qui tirent le marché français, apportent 6 références, parmi lesquelles la suite de ses Millésimes, un 2002 de 13 ans (dont 9 en ex-fûts de sherry), embouteillé à 55,5% tiré à 720 bouteilles (comprendre: commencez par ce stand avant épuisement de l’échantillon), le 2e batch de la Cuvée des maîtres de chai (7 ans), intensément sherry. Et un single cask pour LMDW, fût de vinho portugais (ceux de Kavalan).

Leurs voisins d’Eddu viennent avec leur plus vieux whisky, le Diamant. Le Domaine des Hautes Glaces se pointe avec son rye Vulson White Rhino. Et le Lorrain Rozelieures apporte son bien joli Tourbé Collection, auréolé d’une médaille d’or au Concours général agricole et qui arrivera sur le marché courant octobre.

5.Les wannabe whiskies pointent le bout du goulot

Les geeks vont frétiller: un espace «Work in progress» a l’excellente idée de réunir les micro-distilleries dont le whisky n’a pas encore fêté ses 3 ans règlementaires. L’occasion de goûter avant-tout-le-monde les distillats vieillis de Costwolds (des Anglais qui fabriquent un gin superbe), Glasgow Distillery, The Shed Distillery (des Irlandais), Kyro (des Finlandais), Wolfburn, au nord de l’Ecosse, dont le malt plein de promesse et presque majeur sortira au début 2016…

6.Il va falloir ruser

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Pour goûter ces malts-là, mieux vaut avancer vers le stand avec le sourire Ultra-Bright et l’air décontracté. Ils sont en général cachés sous la table, à l’abri derrière la nappe, et on ne les sert qu’à la pipette. Vous connaissez Donald MacKenzie, le brun en kilt, là, derrière la foule amassée autour de Bruichladdich? Il va vous vanter l’Islay Barley 2009 et il aura bien raison, d’abord parce qu’il n’y a pas eu d’édition 2008 –on était donc un peu en manque–, ensuite parce que les malts qui font parler l’orge plutôt que le bois, il y en a peu. Mais si vous clignotez des yeux en souriant et en joignant les mains comme un moine bouddhiste que le péché n’a jamais touché, il se peut que Donald se laisse attendrir (il a promis de céder pour les lecteurs de Slate) et sorte la quille du nouvel Octomore 7.3 Islay Barley. Orge cultivée sur la ferme d’Octomore, assemblage de vieillissements en fûts de bourbon et de vin espagnol, soufflant dans les voiles à 63%, et crachant de la tourbe à 169 ppm: à présent, vous connaissez le péché, cessez de sourire béatement.

Chez Glenfiddich et Balvenie, vous allez apercevoir Claude, le géant à grosse voix sans un poil sur le caillou. Un grand monsieur dans le whisky, qui fête son dernier WLP derrière un stand: vous lui claquez une bise pour moi. Damien, son acolyte, a promis d’apporter des tirages spéciaux de Balvenie piqués directement dans les fûts, dont une petite bombe qui roupillait en butt de sherry depuis 1970 (45 ans, donc) qu’il balade dans une fiole de 25 cl (je ne vous fais pas de dessin: même divisé en gouttes, il n’y en aura pas pour tout le monde). Le batch 2 du Tun 1509 sera évidemment de la partie, en doses limitées.

Chez Glenlivet, qui a sorti au printemps son NAS, le Founder’s Reserve, on apporte en douce deux brut de fût, dont le Candalamore, un single cask qui envoie 58,1° dans le museau. Pour déguster les mythiques distilleries fermées du Japon, Karuizawa (les derniers fûts des années 80…) et Hanyu (le dernier fût pour la France…), c’est vers les masterclass qu’il faudra se diriger. Deux moments d’exception à n’en pas douter, où l’on se boursculera.

7.A ne pas rater

Toutes les gammes des Last Great Malts of Scotland des distilleries Dewar seront réunies, Aberfeldy, Craigellachie (mamma mia…), Aultmore (oh my god) et les deux dernières à sortir: Deveron et Royal Brackla. Vous serez tenté d’y passer la journée. Résistez: il y a d’autres must.

Compass Box arrive avec deux nouveautés de folie, dont le lancement mondial se fera au WLP. Mais ces trublions d’ordinaire fort sympathiques ont juré de m’obliger à boire pendant six mois un mélange chimique composé de H2O, Ca2+, HCO3-, SO42-, Mg2+, etc, plus connu sous le nom de Vittel, si je crachais le morceau. Alors… Disons qu’un classique culte de la marque fait son retour, meilleur que jamais. Et qu’une édition limitée étonnante et provocante va pousser tous les malt lovers à s’interroger sur le futur du whisky. On lâchera les infos sur Twitter dès que.

Chez Arran, un sherry finish embouteillé pour LMDW, très dark, à 57,8%, vous fait de l’œil. Laphroaig, l’une des perles d’Islay, fait son retour au WLP. Benromach dévoile son magnifique 15 ans, et apporte également avec un Sassicaia Wood Finish.

On traverse vite fait l’Atlantique? Les têtes brûlées parmi vous iront s’accouder au stand Koval, la distillerie de Chicago, qui se pointe avec son whiskey sans gluten élaboré à base de millet. Chez Jack (Daniel’s), gros buzz autour du n°27 Gold (double maturation, double filtration) tandis que Woodford fera découvrir son rye.

Du côté des négociants, Signatory Vintage lance une trilogie Ballechin pour LMDW: 3 millésimes, 3 vieillissements. Douglas Laing apporte sa première gamme de single grain (Strathclyde 1987, Girvan 1989, Cameronbridge 1990) – et s’apprête à lancer un Port Ellen d’anthologie, mais bon… Ne rêvons pas, on n’entendra sans doute pas le bruit du bouchon. Berry Bros & Rudd met les pieds dans la tourbe avec un Laphroaig 1997 et un Bunna Moine 2007. Et, dans les valises de Gordon & MacPhail, citons notamment un Bruichladdich brut de fût 1991 (53,3%), un Ardmore 1998 single cask (56,9%) ou un Logmorn 2002 (43%).

8.Et à part le whisky?

J’ai parfois tendance à l’oublier, il n’y a pas que le whisky dans la vie. Il y a aussi le rhum, le calva, le cognac, l’armagnac… Je compte sur vous pour faire une infidélité au malt au cours de ce week-end chargé. Parmi les magnifiques spiritueux de dégustation, allez tester les nouveaux embouteillages de Caroni (le Karuizawa du rhum), deux single casks et un small batch à plus de 60%, le dernier Rhum Rhum Liberation 2015 Full Proof vieilli en fûts de sauternes, les deux millésimes de Bielle tout frais arrivés.

Les rhums Plantation de Pierre Ferrand se sont refait une beauté avec de bien belles étiquettes, mais inutile de vous signaler le stand: on le prend d’assaut d’office. Entre nous (ne l’ébruitez pas trop), ils planqueront sous la table une dame jeanne du Stiggins’ Fancy Pineapple, qui a mis le feu chez les bartenders américains, et quelques échantillons de bruts de fûts. Chut…

On passe goûter les merveilles de cognac de Vallein Tercinier, Frapin, les vieux millésimes de Grosperrin. Et si vous terminez le week-end sans faire coucou à Guillaume Drouin, franchement, on va se fâcher vous et moi: il nous tire de derrière les fagots deux nouveaux calvados, une double maturation 3 ans en fûts de xérès et 6 ans en tonneaux de banyuls, ainsi qu’un millésime 1995 affiné en fûts de porto.

9.Rdv au bar

Pour les alcools blancs, on se retrouve aux bars. Au pluriel. Je ne les cite pas tous, mais the événement, c’est la venue du mythique bar new yorkais le Dead Rabbit, qui emménage au WLP. Il y aura la queue, pensez à vous désaltérer. Ah oui, j’oubliais: le liquide incolore dans les bouteilles transparentes posées sur chaque stand, c’est de l’eau. N’ayez pas peur, elle vous veut du bien entre deux dégustations.

Whisky Live Paris

Samedi 26 et dimanche 27 septembre (journée professionnelle le 28), de 13h30 à 19h30 (12h30 pour les Pass VIP). Cité de la Mode et du Design, 34, quai d’Austerlitz, Paris XIIIe. Renseignements, programme et réservations:

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