C'est lundi matin. Vous emmenez les enfants à l'école. Mais arrivé devant la grille, un mur de barbelés vous attend. «L'école est fermé», indique une grande banderole. Et le colosse posté devant l'entrée ne vous donnera pas une seule information.
Direction le supermarché pour préparer le repas de midi. Surprise, les rayons sont quasi-vides et les prix ont explosé démesurément. «C'est tout ce que nous avons, et c'est comme ça partout», vous dit la caissière, résignée.
Plus loin, au coin de la rue, vous voyez une ambulance, toute sirène dehors, en route vers l'hôpital, se faire bloquer arbitrairement par un barrage routier. Les pleurs de l'enfant malade à l'intérieur n'y changeront rien.
Stupéfaction et colère
Bienvenue en Syrie. L'organisation Save The Children a voulu confronter une ville du comté de Surrey, en Angleterre, au quotidien de la guerre civile, comme peuvent le vivre des milliers de Syriens. Fermeture des écoles, pénuries alimentaires, check-point... Des acteurs ont reconstitué le temps d'une journée ces scénarios habituels depuis quatre ans en Syrie, et ont filmé, en caméra cachée, les réactions de la population.
Horrifiés, les habitants réagissent avec stupéfaction et colère. «Que se passe-t-il? Nous n'avons été informés de rien! Ce n'est pas normal!» Personne «n'a été blessé pendant ce tournage», précise l'organisation. Mais ces «cobayes» ont pu expérimenter malgré eux la dureté du quotidien que des milliers de réfugiés fuient chaque année.
Pourquoi les familles syriennes le supporteraient mieux?
Justin Forsyth
Témoignage d'une mère, interviewée par The Independent:
«Je me suis dit: “Mais pourquoi mes enfants ne peuvent-ils pas aller à l'école?” Ça m'a beaucoup remuée. Ça m'a fait réaliser que nous devons être sensibilisés à ce qui se passe, et sensibiliser aussi nos enfants.»
4 millions de Syriens en exil
Justin Forsyth, directeur de Save the Children, interroge: «Si les citoyens européens ne supportent pas d'être coupé de la nourriture, d'un système de santé, de l'école, pourquoi les familles syriennes le supporteraient mieux?»
Environ 220.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en Syrie en 2011, 7,6 millions ont dû fuir les zones de combat et 4 millions ont fui le pays.