Heidenau, Freital, Tröglitz, Nauen... La vague de manifestations et d'attaques racistes visant des centres d'accueil de réfugiés qui ont eu lieu dans des villes de l'est de l'Allemagne au mois d'août ravive dans la presse allemande le vieux débat sur la xénophobie dans les nouveaux Länder. Au point qu'Angela Merkel, lors de la conférence de presse estivale qu'elle a donné lundi 31 août, durant laquelle a surtout été évoqué le défi que représente l'arrivée massive de réfugiés en Allemagne –au moins 800.000 sont attendus cette année–, comme l'indique l'hebdomadaire Focus, a déclaré ne pas vouloir «en faire un conflit Est-Ouest».
L'hebdomadaire Der Spiegel y voit l'occasion de se livrer à un exercice de fact-checking. Les statistiques sont sans appel:
«D'après les informations communiquées par le gouvernement fédéral, en 2014, 47% de la totalité des actes de violence raciste ont été enregistrés en Allemagne de l'Est, où ne vit pourtant que 17% de la population.»
Et ce, alors que seuls 16% des demandeurs d'asile qui arrivent en Allemagne sont hébergés dans les cinq Länder de l'est du pays.
Sur les 359 actes de violence visant des demandeurs d'asile et les centres où ils sont hébergés recensés depuis le début de l'année par la fondation Amadeu Antonio et l'association Pro Asyl, 60% aurait été commis dans l'est de l'Allemagne.
Extrême droite
Bien que le Land de la Saxe soit aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux foyers de l'extrême droite en Allemagne, les statistiques du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, situé dans l'ouest de l'Allemagne, n'en restent pas moins préoccupantes: sur les 1.029 actes criminels commis par des extrémistes de droite en 2014, 370 ont été enregistrés dans ce seul Land, contre environ 300 dans les cinq Länder de l'est de l'Allemagne.
Sur un plan politique, le parti d'extrême droite NPD est incontestablement plus chez lui à l'est qu'à l'ouest, où il est même représenté au parlement régional du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et très actif à l'échelon local en Saxe. Mais certains de ses leaders historiques, à l'instar de Udo Pastörs et Holger Apfel, viennent de l'ouest de l'Allemagne.
Conclusion du Spiegel:
«Rapportés au nombre d'habitants, il y a plus d'actes de violence raciste à l'est que dans les Länder de l'ouest. Le NPD y est également plus implanté. Les responsables politiques ne devraient pas relativiser le problème, mais le reconnaître dans toute sa dimension dramatique. Ce qui ne signifie pas qu'à l'ouest les citoyens et les responsables politiques locaux doivent ignorer ce qui se passe chez eux.»
Le journal ajoute comme un avertissement, en référence à l'incendie criminel d'un centre d'accueil de réfugiés survenu la semaine dernière dans l'ouest de l'Allemagne:
«Un des suspects de Salzhemmendorf, en Basse-Saxe, est censé devenir pompier.»