Début août, la presse française a relayé l'assassinat du photojournaliste mexicain Ruben Espinosa, le treizième journaliste de l'État de Veracruz à être assassiné depuis 2010. Quatre corps de femmes avaient aussi été retrouvés à ses côtés dans un appartement de Mexico, dont celui de Nadia Vera, une poète et militante pour les droits des femmes, qui a été violée et torturée lors de l'attaque. Espinosa et Vera avaient fui l'État de Veracruz et accusé le gouverneur, Javier Duarte, de les avoir menacés et intimidés.
Si les protestations et l'indignation internationales ont été importantes en ce qui concerne les meurtres de journalistes, les assassinats de militantes féministes ont reçu beaucoup moins d'attention, rapporte le Guardian. Or, selon le Réseau national des défenseurs des droits des femmes au Mexique, trente-six militantes féministes y ont été tuées depuis 2010 dans une impunité presque totale.
Vague de meurtres contre les femmes activistes
Dans l'État de Guerrero, où 43 étudiants ont été tués en 2014, neuf militantes pour les droits des femmes ont été assassinées depuis 2010.
Dans 87% des cas, les auteurs des attaques étaient des représentants de l'État
Cette vague de violence se retrouve dans les pays voisins du Mexique, dont le Guatemala, le Salvador et le Honduras, où au moins vingt femmes militantes ont été tuées ces cinq dernières années. Selon une étude de l'Initiative mésoaméricaine des femmes défenseures des droits de l'homme, 414 attaques, y compris les menaces, agressions et violences sexuelles, ont été recensées contre des femmes militantes dans ces quatre pays en 2012. Dans 87% des cas, les auteurs des attaques étaient des représentants de l'État, notamment des officiels des autorités municipales et fédérales, ainsi que des membres de la police et de l'armée.
Au-delà de cette vague de meutres visant les femmes activistes, le Mexique a un taux de meurtres de femmes extrêmement élevé: selon l'Observatoire national citoyen du féminicide, six femmes sont tuées chaque jour au Mexique, et les meurtriers sont condamnés dans moins de 2% des cas.