Bientôt 90 balais au compteur et pas prête à mordre la poussière : la reine Elizabeth II détiendra, en septembre prochain, le record du plus long règne britannique. Tout au long de l'été, retrouvez vieux dossiers et anecdotes de la monarque dure-à-cuire. Cette semaine, on fait un petit tour du côté de sa garde-robe.
À l’instar de celle des premières dames et autres princes, la garde-robe de la reine d’Angleterre fait couler bien de l’encre: de la page consacrée aux couturiers royaux sur son site aux graphiques sur ses couleurs préférées en passant par les confidences d’Angela Kelly, son habilleuse en chef, tout a déjà été dévoilé.
Ainsi sait-on, nous autres mortels, que chacune de ses tenues est répertoriée, classée et consignée pour ne servir qu’une seule fois. Que néanmoins, la crise économique pousse sa Majesté à ressortir quelques-unes de ses vieilles fripes pour ses apparitions publiques. Que si elle arbore des couleurs criardes, c’est certes qu’elle était fan du color-block qu’Anna Wintour ne portait que des couches-culottes, mais surtout parce que le peuple doit la voir pour y croire («I must be seen to be believed»). Sans doute se souvient-elle que son ancêtre la reine Victoria dû se montrer en public pour éviter les spéculations, après des années de réclusion à porter le deuil de son mari.
«Les orteils en feu!»
Parmi les employés du département couture, il existe toutefois un poste peu connu de Pôle emploi. Tapis dans l’ombre au fin fond du cagibi, une personne chaussant du 37 est chargée du confort tout particulier d’Elizabeth II.
Qu’adviendrait-il de sa crédibilité si le peuple britannique savait qu’elle avait des ampoules grosses comme le pays de Galles?
Peut-on imaginer que la reine s’exclame, au beau milieu d’une cérémonie: «J’ai les orteils en feu! Laissez-moi là, je vous ralentis de toute façon»? Qu’adviendrait-il de sa crédibilité, de sa force inébranlable, si le peuple britannique savait qu’elle avait des ampoules grosses comme le pays de Galles?
Faire le cuir
Face à ses considérations, le styliste de la reine, Stewart Parvin, a levé le voile au Sunday Times en 2012:
«[Ses chaussures] doivent être confortables tout de suite. Elle a donc quelqu’un pour les porter à sa place […] Elle a droit à un assistant pour faire le cuir.»
C’est tout juste si l’on peut spéculer que l’assistant, qui restera sans nul doute plongé dans l’anonymat, est une femme ou un enfant de 10 ans.
Cette histoire n’est pas pour autant cousue de fil blanc. Car ce petit pied, ce petit pied banal et incognito, marche dans les souliers de la reine Elizabeth II. Tandis que la reine Elizabeth II marche, elle, dans des tatanes vintage.