Dans une étude publiée mardi, des chercheurs concluent que les enfants qui ont reçu des fessées lorsqu'ils avaient un an étaient plus susceptibles de manifester un comportement agressif à deux ans. Comment mesure-t-on l'agressivité d'un enfant de deux ans ?
Il suffit de demander aux parents. Les psychologues envoient un questionnaire standard, appelé le Child Behavior Checklist (liste de contrôle du comportement de l'enfant), qui évalue en 100 phrases les actes d'un enfant au cours des deux mois précédents. Il décrit des manifestations de violence comme «frappe les autres» ou «est cruel envers les animaux», ainsi que des comportements plus centrés sur l'enfant lui-même comme «peu coopératif» et «joue trop avec ses parties génitales.» Les parents attribuent une note de 0, 1 ou 2 à chaque évaluation, en fonction de sa pertinence. Puis les chercheurs additionnent les valeurs de chaque sous-ensemble spécifique-en général 15 ou 20 évaluations-pour créer un indice d'agressivité de l'enfant. Le bambin le plus pacifique a zéro, le plus bagarreur 30 ou 40.
Il existe une certaine polémique autour du genre de comportements qui peuvent se comptabiliser dans la catégorie «agression». Les crises de colère par exemple —avec ou sans actes de violence— sont incluses dans le même ensemble que jeter un chat contre le mur. Étant donné que les éléments ne sont pas pondérés les uns par rapport aux autres, ces deux comportements contribuent de la même manière à mesurer l'agressivité d'un enfant. Pour les adversaires de cet indice, cela incite les non-initiés à considérer que les petits enfants pauvres et les Hispaniques —qui ont tendance à obtenir des résultats d'agressivité supérieurs aux autres enfants— sont particulièrement violents.
Ce test peut être utilisé pour mesurer de grands groupes d'enfants rapidement et sans trop de frais (l'étude publiée mardi concernait 2 573 enfants). Il permet aussi d'observer et d'évaluer les enfants chez eux, plutôt que dans le cadre artificiel d'un laboratoire d'études comportementales. Mais tous les parents ne répondent pas au questionnaire de la même manière. Ceux qui donnent des fessées, par exemple, pourraient être plus enclins à juger leur enfant agressif (et par conséquent à estimer qu'ils méritent un châtiment corporel).
Dans le cadre d'études de moindre ampleur sur l'agressivité des petits, les chercheurs essaient souvent d'observer directement l'enfant et de filmer la séance pour la regarder plus tard. Ils le placent dans une pièce avec un parent ou d'autres enfants et provoquent une situation dérangeante: un nombre trop réduit de jouets, ou un parent inattentif. Puis les observateurs notent chaque manifestation d'agressivité de l'enfant, comme crier sur quelqu'un, envoyer un coup de poing ou donner un coup de pied dans le mur. Chaque séance est divisée en intervalles d'environ dix secondes chacun, et les démonstrations d'agressivité sont classées en fonction des moments où ils se produisent. Puis les scores totaux sont comptabilisés de deux manières: en fonction du temps écoulé avant la première manifestation d'agressivité de l'enfant, et du pourcentage d'intervalles pendant lesquels l'enfant était irrité.
Merci à Lisa Berlin de la Duke University et Daniel S. Shaw de l'University of Pittsburgh.
Brian Palmer
Traduit par Bérangère Viennot