Quand on connaît le succès grand public de la saga érotique Cinquante nuances de Grey, on peut se dire que ce genre de roman n’aurait pas pu exister il y a plus de 200 ans. Et pourtant, explique le site Flavorwire, «la littérature change comme la mode, des jeux de mots grivois du théâtre élisabéthain aux intrigues de séduction amoureuse du XVIIIe siècle, et des allusions de l’époque victorienne jusqu’à “l’obscène” littérature moderne».
Le site relaye justement des travaux effectués par le site médical DrEd.com, qui a fouillé dans la littérature anglo-saxonne de ces 200 dernières années pour déterminer dans quel contexte étaient utilisés les mots liés au sexe. Ils ont donc défini une liste de quinze mots et analysé les dix mots qui les entouraient.
Premier constat, le mot «sexe» apparaissait bien plus au début du XIXe siècle qu’au XXIe, mais il était alors utilisé comme un terme purement biologique. L’expression «éducation sexuelle» n’apparaît qu’à la fin des années 1940 après l’instauration de cours dédiés. Auparavant, les mots «éducation» et «sexe» étaient liés à «l’éducation du sexe féminin». À l’inverse, «érotisme» n’apparaît qu’à la fin du XIXe siècle pour connaître une popularité record dans les années 1990 avec le succès des films érotiques.
Évolution de la langue et des mœurs
Il est également intéressant de noter que certains mots suivent l’évolution de nos mœurs et de notre langue. Le mot «prostitué», après avoir été associé au mot «maison» dans les phrases au XIXe siècle est désormais lié à des mots comme «pornographie» et «narcotiques». À l’inverse, d’autres mots ont pris une réelle importance depuis une quarantaine d’années. «Gay» était très utilisé au début du XIXe siècle, mais parce qu’il était beaucoup plus associé à la notion de bonheur. C’est surtout dans les années 2000, après une longue période de tabou, que le mot sera associé aux mots «homme», «droits», «mariage», etc. Les mots «homosexuel(le)» et «lesbien(ne)» auront attendu les années 1970 pour se faire une place à part entière dans les livres. Autre tabou intéressant: «l’orgasme», que les livres ne mentionnaient pas avec le milieu du XXe siècle, et que beaucoup d’écrivains ont associé au mot «simuler» («fake» dans les années 1980).
«Éjaculation» a connu un pic d’utilisation un peu avant 1850, mais parce qu’il était utilisé dans un autre contexte: «avec un sens littéral signifiant que quelque chose échappe de son confinement, il a d’abord été utilisé pour décrire des prises de paroles», expliquent les auteurs de l'étude. Ainsi, des «Oh!» ou des «Ah!», c’est-à-dire des mots qui sortent sans qu’on le veuille forcément, étaient considérés comme des «éjaculations». On était donc très, très loin de son sens actuel.