Hank Green est un youtubeur. Sur le site Medium, il analyse la stratégie de Facebook pour conquérir le marché de la vidéo sur Internet, et montre comment le réseau social gonfle ses chiffres et permet le vol de vidéos YouTube pour assurer ses revenus publicitaires.
Pour un youtubeur, Facebook est une plateforme de partage essentielle. Sauf que, pour Green, elle est tronquée. Les vidéos uploadées directement sur Facebook y sont beaucoup plus visibles que celles de YouTube ou Vine lorsque celles-ci sont partagées sur le réseau social. Pour Hank Green, c’est la «prérogative» de Facebook, mais, «du point de vue d’un créateur, cela ressemble à de l’abus de pouvoir».
En effet, c’est un moyen de pousser tous les utilisateurs à quitter YouTube pour Facebook. Et le problème c’est que cela ferait chuter leur audience car, signale Hank Green, le réseau social mentirait sur ses chiffres. La définition d’une «vue» sur Internet diffère en effet selon les plateformes. Une vue est comptabilisée sur Facebook au bout de trois secondes de vidéo, contre trente secondes sur YouTube. Or il s’avère qu’il reste 20% de «viewers» à trente secondes sur Facebook contre 86% sur Youtube. Et Green d'en conclure:
«Quand Facebook dit qu’il fait le même nombre de vues que YouTube, ce qu’il veut vraiment dire c’est qu’il n’en fait qu’un cinquième, puisqu’il gonfle les vues.»
Freebooting
Et ça ne s’arrête pas là. Le plus inquiétant pour Green, c’est le phénomène de «freebooting». Selon un rapport d’Ogivly et Tubular Labs, sur les 1.000 vidéos les plus populaires uploadées sur Facebook au premier trimestre 2015, 725 venaient en réalité de YouTube. Ce détournement offre à Facebook un grand nombre de «vues», qui génèrent des recettes publicitaires au réseau social sans bénéficier aux auteurs qui les ont postées sur YouTube en premier lieu.
Ce problème de freebooting existait aussi sur YouTube auparavant, mais Google a installé le système de «Content ID», qui analyse chaque contenu au moment de son upload pour vérifier qu’il respecte les droits d’auteurs. À la différence des algorithmes de Facebook, qui ne contiennent aucun système de vérification et continuent de favoriser le freebooting, explique Destin Sandlin sur sa chaîne YouTube, .
Facebook s’impose donc sur le monde de la vidéo en ligne en niant partiellement les droits d’auteurs. Reste à voir si cette stratégie peut perdurer et menacer sérieusement YouTube.