Barack Obama est déçu. Dans une interview à la BBC diffusée dans la nuit de jeudi à vendredi, le président américain a reconnu que le contrôle des armes à feu sera la plus grande frustration de sa présidence. Malgré des efforts pour faire avancer la législation, Obama reconnaît son impuissance face à la puissance de lobbys favorables au port d’armes.
Ironie du sort, jeudi 23 juillet au soir, un homme blanc de 58 ans a ouvert le feu dans une salle de cinéma de Lafayette, en Louisiane. Il a tué deux personnes et blessé sept autres avant de se donner la mort. Une nouvelle choquante, mais qui nous surprend de moins en moins. Après la tuerie de Sandy Hook, le 14 décembre 2012, Obama avait tapé du poing sur la table, sans succès. Quatre mois plus tard, le Congrès enterrait sa réforme. Voici comment le président américain résume le problème:
«Les États-Unis d’Amérique sont l’une des nations les plus avancées de la Terre où il n’y a aucune loi sensée pour le contrôle d’armes, même face à la récurrence des tueries de masse.»
Problème racial
Le président rappelle que, depuis le 11-Septembre, le nombre d’Américains tués par des actes terroristes ne dépasse pas la centaine tandis que le seul port d’arme est à l’origine de dizaines de milliers de morts.
Ce sera donc le travail inachevé du premier président noir américain, avec le problème racial. Mais sur ce sujet Obama est plus optimiste.
Le port d’arme est à l’origine de dizaines de milliers de morts depuis le 11-Septembre
«Un enfant qui a grandi au cours des huit années (de ma présidence) aura une vue bien différente des relations raciales dans ce pays que ses aînés», précise Obama, avant d’ajouter:
«L’Amérique devient plus diverse, elle devient plus tolérante et cela implique plus d’interactions entre les groupes qui la composent.»
Enjeu de la présidentielle
Pour ce qui est des candidats à la prochaine présidentielle, le seul espoir de voir une poursuite de la lutte pour légiférer sur le port d’arme, c’est que les démocrates gardent le pouvoir. Hillary Clinton devrait suivre sa lignée, bien que le premier mandat présidentiel rende difficile ce genre de législations.
Dans le camp républicain, c’est tout l’inverse. Jeb Bush, Marco Rubio, Rand Paul ou encore Ted Cruz, tous ont été noté «A» ou «A+» par la National Riffle Association (NRA) en fonction de leur vote par rapport aux législation de contrôle. Seul un candidat républicain, Georges Pataki, ne suit pas la ligne pro-NRA des Républicains. Mais ses chances de gagner, qui plus est sans rejoindre le fort conservatisme qui prime dans le Grand Old Party depuis 2010, sont très faibles.
Le favori, Jeb Bush, s’adressait ainsi à Obama en avril dernier lors d’une conférence de la NRA:
«Pourquoi vous ne vous concentrez pas plus pour enlever les armes des mains des terroristes islamistes et moins pour les enlever de celles des Américains respectueux de la loi?»
Avec ce genre de discours, on comprend la crainte d’Obama.