En 1988, le squelette d'un homme qui avait environ 25 ans il y a près de 14.000 ans a été découvert en Italie du Nord. Ses os ont été étudiés pendant des décennies mais ce n'est que cette année que des chercheurs se sont rendu compte qu'une de ses dents à moitié pourrie racontait une histoire intéressante.
En effet, une équipe de paléoanthropologues vient de publier un article sur les marques et l'écaillage visibles sur l'émail de cette molaire. Leurs analyses ont montré que les incisions avaient été faites avec des pierres pointues, probablement par quelqu'un qui tentait de soigner la carie en la coupant au silex. Il s'agit donc du plus vieil exemple de chirurgie dentaire jamais découvert, rapporte le Washington Post.
«L'endroit infecté a été ôté de l'intérieur de la dent avec un outil pointu en pierre. Cela montre que les humains du Paléolithique supérieur connaissaient les effets nocifs des caries et savaient qu'ils fallaient les traiter», explique Stefano Benazzi, un des auteurs de l'article, à Discovery News.
Cure-dents
Le silex opérait en fait une action similaire à celle de la fraise actuelle mais, quant à l'équivalent des plombages, ils sont arrivés environ 7.000 ans plus tard, sous forme de cire d'abeille (retrouvée dans une dent en Slovénie).
Benazzi et ses collègues pensent que cette façon de traiter les caries en grattant les dents vient de l'habitude des hommes du Paléolithique d'utiliser des cure-dents. Les archéologues ont en effet retrouvé de nombreux cure-dents en os ou en bois datant de cette époque.
Cette trouvaille donne aussi de nombreux indices sur l'alimentation et le mode de vie de nos ancêtres du Paléolithique. En effet, les caries indiquent une alimentation riche en féculents. En général, la présence de caries correspond plutôt au Néolithique, lorsque l'arrivée de l'agriculture a permis une alimentation plus riche en glucides. Il est donc intéressant de voir que, déjà au Paléolithique, les humains avaient commencé à manger des céréales, même avant l'introduction de pratiques agricoles.