Monde

L’«architecte de la mort» de l’État islamique: «Je ne suis pas un boucher, c'était le djihad»

Temps de lecture : 2 min

Le magazine allemand Der Spiegel a obtenu un entretien avec Abu Abdullah, qui fournissait à Bagdad les djihadistes en explosifs.

Combattant de l'Etat islamiste, juin 2014 | Reuters/ Stringer Irak
Combattant de l'Etat islamiste, juin 2014 | Reuters/ Stringer Irak

C’est l’atmosphère suffocante d’une cellule d’une prison surprotégée de Bagdad, entre bruit de ventilateur et coupures d’électricité, que rapportent les journalistes du Spiegel. Ils ont réussi à obtenir une interview d’Abu Abdullah, l’organisateur d’au moins dix-neuf attentats de l’État islamique à Bagdad en un seul trimestre. Détenu depuis juin 2014, il est l’un des rares membres de l’organisation terroriste à avoir été capturé en vie.

Il revient pendant l’entretien sur la création de son identité de couverture. Pour assurer son rôle, il s’est fait passer pour un garagiste et recevait les kamikazes sur son lieu de travail, où il les équipait en voitures ou en ceintures explosives.

Plan coordonné

L’équipe du Spiegel parle d’un homme approchant la trentaine, calme et soucieux de répondre avec précision.

Abu Abdullah: «Je n’ai pas fait cela parce que je suis un sanguinaire. C’était le djihad. Je pensais qu’à un moment les chiites se convertiraient ou quitteraient la ville. Je ne suis pas un boucher. Je suivais un plan.»

Spiegel: «Mais votre plan n’a jamais fonctionné, malgré les morts. Cela a juste amplifié la haine.»

Mon idée était de continuer jusqu’à ce qu’ils se convertissent tous. Ou qu’ils émigrent

Abu Abdullah

Abu Abdullah: «Je pensais que les gens qui avaient vécu les explosion auraient une prise de conscience et qu’ils auraient peur...»

Spiegel: «Et ça n’a pas marché.»

Abu Abdullah: «Ça n’avait pas d’importance. Mon idée était de continuer jusqu’à ce qu’ils se convertissent tous. Ou qu’ils émigrent. Peu importe quand. Ça n’avait pas d’importance!»

Malgré son jusqu'au-boutisme, Abu Abdullah n'a jamais envisagé lui-même de se faire sauter, se considérant comme «un coordinateur et non pas un exécutant».

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