En 2005, juste après les émeutes urbaines et alors qu’il était responsable de l’éthique et des Droits humains à la police genevoise, un policier suisse a passé plusieurs semaines dans un commissariat du 93 (le département le plus violent de France souligne Le Temps). Il a observé la police française: il la compare aujourd'hui à «une armée d'occupation».
Yves Patrick Delachaux, devenu romancier et scénariste, écrit Grave Panique pour raconter son expérience. Le titre a été trouvé cette nuit de patrouille où un flic de la brigiade anti-criminelle qui avait frôlé une vieille dame en roulant trop vite s'était exclamé: «Je l'ai grave paniquée la mémé».
Son roman en dit long sur l’état de tension qui règne entre jeunes et policiers dans les banlieues françaises, explique Sylvain Besson, correspondant du Temps à Paris. Et sur l’échec, désormais avoué à demi-mot, de la politique mise en place par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée au Ministère de l’intérieur, en 2002.
Yves Patrick Delachaux a compris le problème dès le premier regard jeté sur le commissariat: «un blockhaus carré, tout est barricadé, grillagé. C'est une armée d'occupation.»
«Une ambiance de caserne, de labeur, de souffrance, raconte le policier suisse. On sent que ça leur pèse sur les épaules.»
Ils se cachent de leur fonction, à peine arrivés demandent leur mutation, et n'habitent jamais en Seine-Saint-Denis même. Delachaux raconte que dire bonjour à un groupe de jeunes, c'est, selon les mots des policiers français, «aller à la confrontation».
Les coupables, dans ce système, ce ne sont pas les policiers eux-mêmes, mais «l'immense immaturité organisationnelle» d'une structure où «tout le poids et la responsabilité sont mis sur des types de 22 ans», empêtrés dans une logique de chiffre imposée par le gouvernement.
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