Trop de séries, trop de travail, trop de fatigue, vous n'avez pas pu tout voir cette année. Mais vous pouvez enfin vous adonner à un visionnage frénétique, au bureau, pendant les vacances de votre boss, ou en restant dans votre chambre climatisée toute la journée. Dans notre sélection de rattrapage, pas question de parler de Game of Thrones, de House of Cards et de True Detective, dont Slate.fr s'est déjà largement fait l'écho ici, ici et ici. Nous avons donc choisi quelques séries, un peu moins connues du grand public que vous avez probablement négligées. A tort.
1.Bosch
La série pour les déçus de la seconde saison de True Detective. Vous aussi vous rongez votre frein à chaque nouvel épisode de la saison 2 de True Detective? L’intrigue est floue? Les personnages caricaturaux? Le portrait de Los Angeles creux? Slate.fr vous propose de donner sa chance à la série Bosch. Inspirée des célèbres romans de l’écrivain Michael Connelly (à qui l’on doit La Défense Lincoln et Créance de sang, tout deux adaptés au cinéma), la série a été produite par Amazon et souffre donc d'un manque de visibilité criant. Si, en apparence, on pense regarder un polar comme un autre, les enquêtes et la noirceur de l’inspecteur Harry Bosch réussiront à vous redonner goût à ce genre déjà trop usé par la télévision.
Et bien sûr, si la série vous plaît, on ne saurait trop conseiller la lecture des romans de Michael Connelly, à commencer par son meilleur, Le Poète.
2.Broad City
La série qui parle d’amitié. Et qui part dans tous les sens. Lancée en 2010, comme une web-série sur YouTube, Broad City a fini par taper dans l’œil d’Amy Poehler (de Parks and Recreation) qui décide de produire leur série sur Comedy Central. Deux ans plus tard, la série d’Ilana Glazer et Abbi Jacobson est devenue l’une des choses les plus drôles que l’on peut voir à la télévision et la plus belle histoire d’amitié du petit écran.
3.Empire
La série qui signe le retour en force du soap opera. Nous vous avions parlé sur Slate.fr il y a quelques mois, la série du réalisateur Lee Daniels (Le Majordome, Precious) réinterprète le Roi Lear (de loin, oui) et met en scène une famille noire américaine, propriétaire du plus gros label de musique aux Etats-Unis, Empire Entertainment. Mais oubliez l’origine ethnique de son casting, la série signe avant tout le grand retour du soap: argent, sexe, trahisons, maladies, meurtres, vengeance… Tout y est, quitte parfois à tomber dans le rocambolesque. Qu'importe, Empire tiendra en haleine les fans du genre.
4.Engrenages
La série française qui montre le fonctionnement de la police et de la justice sans être Navarro ou PJ. Engrenages a commencé il y a dix ans déjà et suit le travail de la capitaine Laure Berthaud (Caroline Proust), une femme entourée par beaucoup d'hommes. Ce qui rend la série passionnante, c'est notamment la qualité de ses seconds rôles, comme le lieutenant Gilou (interprété par Thierry Godard) ou Joséphine Karlsson, jouée par Audrey Fleurot, avocate peu scrupuleuse qui évolue aux côtés de Pierre Clément (Grégory Fitoussi, rescapé du soap Sous le soleil). Si ce n'est que la cinquième saison, c'est que chacune dépeint une seule enquête, très bien ficelée, et parfaitement réaliste. La série a tellement de succès qu'elle est diffusée sur BBC Four en Angleterre sous le nom de Spiral et qu'elle sera adaptée aux Etats-Unis. La série de Canal+ avait même été sélectionnée aux Emmy Awards américains en 2011.
5.Inside Amy Schumer
La série qui multiplie les sketchs. Avant de marcher sur le box-office américain avec Trainwreck, Amy Schumer collectionnait les sketchs, les interviews dans la rue, et dans un bar dans sa série diffusée sur Comedy Central. On a ainsi pu la voir dénoncer la culture du viol, évoquer la «baisabilité» des actrices» et les contradictions hollywoodiennes, refaire 12 Hommes en Colère pour savoir si elle a bien le droit d’avoir sa propre série, ou se moquer du concept des princesses. Le tout en nous faisant bien rigoler.
6.It's Always Sunny in Philadelphia
La série qui continue d’être drôle après une décennie à l’antenne. Après dix saisons, on pourrait se dire qu’It’s Always Sunny in Philadelphia a fait son temps, que les blagues récurrentes sont devenues lourdes et que même Danny DeVito n’est plus aussi marrant qu’avant. Faux, faux et faux. Le bébé de Rob McElhenney est toujours aussi agréable à regarder et certains épisodes et performances (Charlie Day et le vrai-faux plan-séquence) montrent que la série a encore de beaux jours devant elles. On n’ira pas jusqu’à dire comme Time que le successeur de Seinfeld est déjà à l’antenne et qu’il s’appelle IASIP, mais si vous avez vingt minutes devant vous et que vous cherchez à vous détendre, foncez.
7.Mr. Robot
La nouvelle série dont on est vite devenu accro. Elle vient tout juste de débuter, mais en l'espace de quatre épisodes, Mr. Robot a réussi à se faire un petit nom. La série est «un thriller sur le combat d'un hackeur contre une puissante multinationale (et ses fantômes)», résumait Télérama. On y suit Elliot, un jeune informaticien, souffrant d'anxiété sociale, plutôt doué, capable de pirater tout ce qu'il veut pour en savoir plus sur vous, et qui va devoir décider s'il veut rejoindre une équipe de hackers anarchistes («fsociety») pour détruire une entreprise (E(vil) Corporation) —et un système— qu'il est censé protéger.
La mauvaise nouvelle c'est qu'il n'y a que dix épisodes. La bonne, c'est qu'une deuxième saison a déjà été commandée et que le créateur de la série la verrait bien se poursuivre sur quelques-unes de plus.
@antipopculture I have an ending and it's about 4 or 5 seasons away.
— Sam Esmail (@samthemovie) July 18, 2015
8.Orphan Black
La série où la même actrice multiplie les personnages. Tatiana Maslany a enfin obtenu une nomination dans la catégorie de meilleure actrice après trois saisons à interpréter les différents clones de la série. Parce que oui, Orphan Black raconte l’histoire de plusieurs clones surveillés et menacés par diverses organisations. Ça part un peu dans tous les sens, on est parfois un peu perdu, mais c’est bien écrit et comme l’écrivait HitFix à l’issue de la deuxième des trois saisons, «c’est une bonne série qui connaît ses forces et qui continue de s’appuyer dessus».
9.Parks and Recreation
La série la plus drôle de ces dernières années (tout simplement). Amy Poehler, l’une des femmes les plus drôles des Etats-Unis disons-le clairement, interprète dans Parks and Recreation le rôle de Leslie Knope, une employée ambitieuse de la mairie de Pawnee, petite ville de l’Indiana. La série brille par la galerie de personnages aussi hilarants que fascinants qu'elle propose: Leslie Knope bien sûr, qui fantasme sur Joe Biden et rêve de devenir présidente, l’empoté Andy Dwyer, interprété par le génial Chris Pratt (bien avant sa perte de poids et son statut de star mondiale), et bien sûr Ron Swanson, archétype de l’homme viril et grincheux, jamais avare quand il s’agit de donner des leçons de vie ou de fuir ses propres émotions. Slate.fr, à travers la voix de l’un des auteurs de cet article, avait d’ailleurs tenu à rendre un hommage appuyé à ce personnage, l’un des plus attachants de la télévision. Nous vous proposons donc avec cette petite compilation de quelques unes des plus grandes réplique de l’illustre Ron Swanson.
10.Silicon Valley
La série où l'on s'entretue pour quelques lignes de code. La Silicon Valley, à San Francisco, a beau ressembler à un Eldorado pour qui veut conquérir l’Internet mondial, il cache un milieu infernal où les rivalités (rappeler vous de la création de Facebook) riment souvent avec cupidité. Dans la série éponyme, lancée en 2014, Richard Hendricks, un programmeur réservé travaillant pour Hooli (un autre nom pour désigner Google), réussit à créer ce qui pourrait bouleverser le monde du numérique: un algorithme de compression de données aux capacités révolutionnaires. Il devient vite l'objet de convoitises des géants du web qui n'hésiteront pas à le menacer pour s'approprier son invention...
Si la série souffre de quelques clichés (et d'une absence de femmes assez flagrante), elle propose une plongée drolatique dans le monde impitoyable de la tech américaine.
11.The Honourable Woman
La série qui dépeint l'art complexe de la diplomatie mieux que toute autre. Oubliez Claire Danes en agent de la CIA, prenez Maggie Gyllenhaal, faites-la jouer Nessa Stein, puissante femme d'affaires israélo-britannique qui essaie comme elle peut d'améliorer les relations entre Palestine et Israël en dirigeant la fondation de son père, mort devant ses yeux lorsqu'elle était enfant. Voilà huit épisodes de The Honourable Woman, mini-série chiadée de la BBC (et diffusée en ce moment sur Canal+), dont tout le génie est de montrer à quel point c'est difficile et cruel de naviguer dans le conflit israélo-palestinien, même avec les meilleures intentions du monde, difficile de négocier avec les industriels des deux pays et les services secrets britanniques et américains.
Impossible de déterminer qui sont les bons et les méchants tant chaque personnage est complexe et joué à la perfection. Après avoir obtenu un Golden Globe en 2014, Maggie Gyllenhaal vient d'être sélectionnée aux Emmy Awards pour ce rôle. Mais il n'y aura malheureusement pas de saison 2.
12.Togetherness
La série qui représente le mieux le bordel des relations amoureuses et amicales en 2015. A l'origine de cette série de HBO, il y a les frères Duplass, Mark et Jay, un duo cool d'Hollywood. Mark joue ici un père quadragénaire et pépère en pleine crise avec sa femme –Jay jouait déjà le fils d'un transexuel dans une autre série géniale: Transparent.
Diffusée début 2015 aux Etats-Unis, Togetherness décrit avec beaucoup de justesse la vie d'un couple (Brett et Michelle) qui essaie de relancer sa sexualité après avoir eu un premier enfant. Rien d'original jusque-là. Sauf que deux losers vont débouler dans leur vie (et leur maison): Tina Morris (Amanda Peet), la sœur de Michelle, qui ne sait pas quoi faire de sa vie professionnelle ni amoureuse; et Alex Pappas, l'ami du mari qui veut devenir acteur... et ne sait pas non plus gérer sa vie amoureuse. Le tour de force de Togetherness tient dans ses dialogues et ses situations où le malaise, la maladresse et la gêne sont joués avec brio. Toute ressemblance avec des personnes existantes n'est pas du tout fortuite.
13.Veep
La série politique plus satirique que House of Cards. Oubliez le violent Frank Underwood, et optez pour la série Veep et Selina Meyer, vice-présidente des États-Unis fraîchement arrivée au pouvoir. Une fois l’euphorie passée de sa nomination, l’ambitieuse femme politique (interprétée par l'excellente Julia Louis-Dreyfus) ne pourra compter que sur une équipe de bras cassés pour s’imposer dans l’impitoyable système politique américain, où règne une véritable guerre d’égos. Débutée en 2012 sur HBO, Veep apparaît aujourd’hui comme une des plus grandes séries politiques et satiriques de ces dernières années.
14.Bonus: Chef's Table
La série documentaire qu’on ne pouvait décemment pas oublier. Tout est parti d’une bande-annonce publiée le 30 mars dernier sur YouTube. En quelques plans parfaits, Netflix nous présentait Chef’s Table, une série de six épisodes consacrée à six chefs cuisiniers à travers le monde. Après le succès de Jiro Dreams of Sushi (à propos d'un des meilleurs chefs japonais), voilà des portraits tendres, parfois un peu grandiloquents, de personnes au talent incontestable, et qui se rejoignent toutes autour de deux passions essentielles: la quête de la perfection et le besoin de partager son amour de la cuisine.
De Los Angeles à Modène en Italie, pour une fois qu’il n’y a pas de chef français vantant l’excellence de notre gastronomie, il serait dommage de s’en priver. À table donc.