Le vigoureux interventionnisme de Vincent Bolloré, patron de la maison-mère Vivendi, vis-à-vis de Canal + a beaucoup attiré l’attention ces derniers jours: l’agitation suscitée par la menace sur les Guignols, la refonte annoncée du Grand Journal, l’éviction de Rodolphe Belmer, directeur général de C+, et l’annonce du départ de son président Bertrand Meheut en ont scandé la chronique. L’ensemble des ces initiatives s’inscrit dans un contexte plus vaste.
Mercredi 24 juin, Vivendi annonçait sa montée au capital du principal opérateur italien de télécom, Telecom Italia, à hauteur 15%, devenant ainsi l’actionnaire majoritaire. Au passage, la société française récupère aussi le contrôle d’un opérateur de téléphone mobile brésilien, TIM Brasil. Cette opération est estimée à 1,4 milliard d’euros par Les Echos. Les observateurs financiers européens évaluent –plutôt de manière favorable– les bénéfices que le groupe de Vincent Bolloré est susceptible de tirer de ce retour dans les télécom après s’y être massivement désengagé, en vendant notamment SFR. Mais l’enjeu le plus significatif pourrait bien être ailleurs.
Le troisième catalogue de film, la première major
C’est en tout cas l’approche du journal spécialisé dans les médias et l’entertainment aux États-Unis, Variety, qui attire l’attention sur le potentiel ainsi acquis par le groupe français en termes d’offres de contenu. Au point d’y voir la seule alternative crédible aujourd’hui –du moins en Occident, le versant chinois est une autre affaire– à l’expansion pour l’instant irrésistible de Netflix.
En effet, Vivendi c’est, donc, Canal + et ses filiales en Espagne, en Scandinavie, en Pologne et en Belgique. C’est aussi la société de production StudioCanal, détentrice du 3e plus grand catalogue de droits cinéma au monde. Et Vivendi, c’est encore Universal Music, la plus grande major musicale du monde.
Des négociations avec Sky et Mediaset
Surtout, le média californien croit savoir que Vincent Bolloré serait déjà engagé dans des négociations avec deux autres acteurs majeurs de la diffusion de programmes en Europe: Sky, qui appartient à Murdoch et diffuse des contenus au Royaume-Uni, en Allemagne, en Irlande et en Italie, et la plateforme de diffusion de Berlusconi, Mediaset Premium.
L’annonce du rachat par Vivendi de Dailymotion confirme l'orientation diffusion de contenus
Si de tels projets devaient se concrétiser, Vivendi se retrouverait en position de construire des offres de films, de séries, de programmes télé et de musique capables de rivaliser avec le géant américain Netflix, aujourd’hui en position dominante sur le marché, et qui ne cesse de s’étendre en Europe continentale.
Sur un créneau différent, l’annonce le 30 juin du rachat par Vivendi à Orange de Dailymotion, la deuxième plus grande plateforme de partage d’images et de sons (loin) derrière YouTube, confirme la stratégie orientée sur la diffusion de «contenus» de la firme pilotée par Vincent Bolloré.