20 avril 1945. Hitler fête ses 56 ans et fait sa dernière apparition publique à Berlin. L’homme, qui vivait cinq ans auparavant son plus grand triomphe, adulé par son peuple, porté par sa victoire sur la France, se tient voûté, les épaules tombantes et le pas lent. Ce jour-là, il salue les jeunes hommes des Jeunesses hitlériennes –encore au garde-à-vous alors qu’autour d’eux la capitale allemande est à feu et à sang, assaillie par les Russes– et on le voit tenir sa main derrière son dos afin de dissimuler ses tremblements violents.
(Visible à la 17e minute dans ce documentaire "Les derniers jours du Führer")
Ces symptômes, ce sont ceux de la maladie de Parkinson. Il est établi que le chancelier allemand en souffrait depuis plusieurs années. À l’époque déjà, comme le rapporte Jean Lopez dans son livre Les cent derniers jours d’Hitler, deux médecins avaient posé le diagnostic: le psychiatre Max de Crinis et le docteur Ernst Schenck.
Voilà la description clinique qu’en fait ce dernier en 1945:
«Il faisait pitié à voir. Sa main gauche flasque s'agrippait à la table. Tout le bras gauche, jusqu'à l'épaule, tremblait et parfois donnait l'impression d'un frémissement. Par moments, le bras frappait rythmiquement la table. Afin de s'ancrer lui-même, Hitler avait littéralement enlacé son mollet et son pied gauches à l'un des pieds de la table.»
La maladie de Parkinson, maladie dégénérative, ne cause pas seulement des problèmes de motricité. Elle détruit aussi progressivement les neurones du cerveau. Quel effet a la maladie de Parkinson lorsqu’elle grignote lentement le cerveau d’un stratège responsable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité? D’un dictateur qui appliqua jusqu’à son dernier jour une doctrine antisémite et d’une inhumanité sans précédent?
Parkinson, la maladie qui rend impitoyable?
C’est cette question qu’ont voulu étudier un groupe de neurobiologistes américains. Leur hypothèse est que Parkinson a pu façonner la personnalité du Führer, le rendant plus inhumain et plus impitoyable. De même que son désordre paranoïaque a pu accroître sa folie antisémite, sa maladie a ainsi pu avoir un impact sur une grande partie de sa carrière et de ses décisions, le rendant impulsif, téméraire et, finalement, lui faisant perdre la Seconde Guerre mondiale.
Hitler était connu pour son manque de remords et de sympathie, ce qui peut être associé à sa maladie
Le neurobiologiste Raghav Gupta et ses collègues dans le World Neurosurgery
La description des neurobiologistes est éloquente:
«Hitler a souvent accusé, déçu et trahi les autres pour son gain personnel et était connu pour son manque de remords et de sympathie, ce qui peut être associé à sa maladie de Parkinson.»
Ces réactions irrationnelles ont notamment pu le pousser à envahir la Russie, trahissant son allié de l’époque, Staline.
Sans examen du cerveau, sans date confirmée du début de la maladie (cette publication la situe à 1933, la neurologue Ellen Gibbels à 1941), difficile d’évaluer le degré de pertinence de cette étude et donc de savoir à quoi le monde ressemblerait aujourd’hui si les capacités cognitives d’Hitler n’avaient pas été altérées.
Quoi qu’il en soit, la santé du dictateur était déjà bien attaquée: troubles gastriques, insomnies chroniques, psychoses paranoïaques... Troubles qui n’auront finalement jamais eu raison de lui, le dictateur ayant préféré mourir de sa propre main.