Les propriétaires de chats ne savent pas évaluer le nombre de proies que leur animal favori tue et ne voient pas ce comportement comme une menace pour l’environnement, selon une étude qui vient d’être publiée par la revue Ecology and Evolution.
Pour parvenir à cette conclusion, une équipe de chercheurs britanniques a sondé 58 propriétaires de 86 chats dans deux villages, Mawnan Smith, dans les Cornouailles (1.500 habitants), et Thornhill, en Ecosse (1.100 habitants). Il leur a été demandé d’évaluer a priori combien de proies leur chat ramenait en moyenne sur une période donnée, puis de comptabiliser précisément le nombre de proies effectivement ramenées sur une période de quatre mois (il s'agissait en majorité des mammifères, essentiellement des rongeurs, mais aussi d'oiseaux et parfois de reptiles).
Les chercheurs ont constaté que les propriétaires avaient systématiquement sous ou surestimé le nombre de proies qu’allait ramener par leur animal: ils n’avaient pas d’idée précise de son impact sur la faune locale. (Un impact qui peut paraître minime si on s’intéresse juste à un chat mais les chercheurs pointent que «l’effet cumulé d’une haute densité de chats peut avoir un impact global négatif sur l’environnement», sachant qu’en moyenne, par ailleurs, un chat tue trois fois plus de proies qu’il n’en rapporte –des constats qu'avaient déjà fait en 2012 des chercheurs de l'université de Géorgie).
Les chercheurs ont aussi sondé les propriétaires de chat sur cinq propositions relatives à leur impact sur l’environnement. Seuls 40% d’entre eux étaient assez ou très d’accord pour dire que les chats domestiques sont une menace pour la vie sauvage, et 27% pour dire que cela constitue un problème sérieux. Si 62% étaient d’accord avec l’idée selon laquelle les chats devaient être stérilisés, ils n’étaient que 39% à penser qu’un chat devrait rester sur la propriété la nuit, et 2% tout le temps.
Les chercheurs estiment donc avoir « illustré comment les propriétaires de chats échouent à percevoir leur empreinte écologique, […] rejettent l’idée selon laquelle ils représentent une menace pour la vie sauvage et s'opposent à des stratégies de gestion, à l’exception de la stérilisation». «Cette étude montre à quel point il serait difficile de changer le comportement des propriétaires de chats, s'ils sont à la fois inconscients du nombre d'animaux tués par le leur et réticents à des mesures de contrôle», a déclaré Matthew Evans, l'un des coauteurs, cité dans un communiqué.