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Pourquoi l'image d'Obama chantant «Amazing Grace» est si émouvante

Temps de lecture : 2 min

Barack Obama chante «Amazing Grace» lors des obsèques du révérend Clementa Pinckney, le 26 juin 2015 à Charleston. REUTERS/Brian Snyder.

«Si nous pouvons trouver cette grâce, tout est possible. Si nous pouvons la toucher, tout peut changer. Une grâce étonnante. Une grâce étonnante.»

Après avoir, vendredi 26 juin, prononcé ces mots lors de l'éloge funèbre du pasteur Clementa Pinckney, assassiné dans son église le 17 juin avec huit autre personnes, Barack Obama a marqué une longue pause d'une dizaine de secondes. Puis il a commencé à chanter a cappella «Amazing Grace», un des hymnes chrétiens les plus connus au monde, composé en 1779. Comme le raconte le New York Times, «la foule s'est levée et l'a accompagné, amenant plus tard le révérend Norvel Goff à "remercier le révérend Président"».

L'image est très forte, et restera indéniablement comme une des plus marquantes de la présidence Obama. Pourquoi est-elle si forte? Selon Sarah Kaufman, auteure du livre The Art of Grace, tout repose sur ce mot, que Barack Obama «avait raison de lancer, pour nous montrer comment la grâce peut être perçue»:

«Ce mot possède une force qui peut vous faire frissonner, à cause de la façon dont Obama l'a amené. La générosité d'un homme, le sacrifice d'une communauté et son pardon, le pouvoir supérieur qui nous enjoint à "trouver le meilleur de nous-mêmes" –et maintenant une nation unie dans tout ceci: la générosité, le sacrifice, l'amour.»

Mais le Washington Post explique par ailleurs que, en dehors de la séquence où l'on voit Obama chanter, son éloge funèbre lui a donné l'occasion «de plonger profondément dans ses racines personnelles» en évoquant l'importance des églises pour la communauté noire américaine, de la période de l'esclavage à celle du mouvement pour les droits civiques:

«Notre peine est d'autant plus grande que cela s'est produit dans une église. L'église est et a toujours été au centre de la vie afro-américaine, un endroit pour retrouver les nôtres dans un monde trop souvent hostile, un sanctuaire contre tant de douleurs.»

Le New York Times souligne lui que, «en tant que premier président afro-américain des Etats-Unis, Obama a souvent eu du mal à trouver le bon équilibre entre le moment, l'endroit et les mots pour évoquer les divisions raciales. Voulant être vu comme le président de tous les Américains et confronté à l'urgence d'une crise économique, il a abordé les polémiques raciales avec prudence lors de son premier mandat». Or, selon le Christian Science Monitor, dans son discours:

«Il ne s'agissait pas pour lui de réconcilier l'Amérique blanche et l'Amérique noire. A travers la vie du révérend Pinckney, il a affirmé –parfois doucement, parfois avec flamme, pour finir en chanson– que l'aventure de l'Amérique noire est celle de ce qu'il a appelé avec insistance "les Etats-Unis". Qu'il n'y a pas besoin de réconciliation, car les deux ne font qu'un. Et que dans cette lutte difficile –dans cette grâce étonnante–, une ville avait trouvé du réconfort et une nation sa grandeur.»

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