Wikileaks a dévoilé mardi 23 juin, en partenariat avec Libération et Mediapart, les preuves d’un espionnage de trois chefs d’État français par la NSA. Comme on le suspectait déjà, les échanges téléphoniques de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont été mis sur écoutes au moins jusqu’en 2012. Rien de bien étonnant, comme l’ont souligné plusieurs médias et politiques. Dans une vidéo teaser publiée la veille sur YouTube, WikiLeaks promettait pourtant des révélations chocs.
La vidéo tombe dans la (légère) surenchère. Surtout que l’espionnage entre chefs d’États ne date pas d’hier, y compris entre les «alliés» français et américains. Par exemple, on sait déjà que la CIA avait surveillé en 1974 la maladie de Georges Pompidou en recueillant son urine pour la faire analyser… Mais ce n’est pas tout.
En 1993, le New York Times rapportait que la NSA avait dû déclassifier des documents à la suite d’une plainte déposée par un historien, Gar Alperovitz. À l’époque, malgré l’importance de l’information, la nouvelle ne faisait pas la Une des journaux. Elle était même reléguée assez loin comme dans le Herald Journal par exemple. Dans les 800 pages rendues publiques, on apprenait pourtant que les États-Unis ont espionné leurs alliés et leurs ennemis d’hier bien après 1945. Et comme l’indiquait alors le Times, la liste était déjà longue: Belgique, Chine, France, Italie, Allemagne, Japon, Suisse, Portugal, Colombie, Bolivie etc.
Winston Churchill
avait peur
des décisions
de De Gaulle
Les Anglais aussi tendaient l'oreille
Au milieu de tous ces documents, on pouvait lire que les services secrets américains surveillaient «les communications privées du leader français, le Général de Gaulle». Ils ont ainsi pu comprendre la colère du Français à l’égard du président Franklin D. Roosevelt quand ce dernier a refusé de lui apporter son soutien dans sa prise de contrôle de l’Indochine. Après la mort de Roosevelt, les Américains l’ont finalement laissé faire en échange de son soutien contre l’Union soviétique.
Mais les Américains ne sont pas les seuls à blâmer, puisque les Anglais aussi ont espionné De Gaulle dans sa propre maison, comme l’expliquait le Guardian en 2001. À l'époque, la décision était purement économique, Winston Churchill ayant eu peur de De Gaulle et des décisions qu'il pourrait prendre pour bloquer le développement de l'Angleterre après la Seconde Guerre mondiale.