Les dinosaures sont de retour dans les salles de cinéma, mercredi 10 juin, avec le quatrième volet de la saga Jurassic Park, Jurassic World, produit par Steven Spielberg. Et une espèce est particulièrement attendue: les vélociraptors. Dans les premiers Jurassic Park, ils incarnaient le prédateur ultime, d’une intelligence redoutable, capable de chasser en groupe et de prendre leur victime par surprise.
Mais dans ce nouvel opus, leur rôle a évolué. Dans un extrait diffusé fin mai, on peut voir que le héros Owen, interprété par Chris Pratt, semble avoir réussi à les dompter et à leur donner des ordres.
Dans un autre extrait, on le voit même sur sa moto, en train de rouler tranquillement avec ses nouveaux amis.
On connaît les libertés scientifiques que la saga hollywoodienne a prises avec les dinosaures dans les années 1990. Mais ce nouveau film, et ces passages en particulier, posent tout de même une question: l’homme aurait-il pu dresser des vélociraptors, ou au moins apprivoiser cette espèce de dinosaures?
D’un point de vue historique, la réponse est évidemment non (les dinosaures se sont éteints plus de 60 millions d'années avant l'apparition de l'homme), mais d’un point de vue comportemental, la réponse est plus nuancée, comme pour tous les animaux.

Un dessin du Velociraptor mongoliensis. Image CC par Matt Martyniuk.
Tout d’abord, il faut oublier les films de Spielberg. Les «raptors», tels qu’on les voit dans les films, sont des êtres dotés d’une intelligence rare, d’une taille conséquente et sont capables de chasser en groupe de façon très organisée. Il suffit de se rappeler de la scène de la cuisine dans le premier Jurassic Park pour en convenir, et Jurassic World semble suivre la même vision des prédateurs.
Et pourtant, ces vingt dernières années ont permis aux scientifiques de livrer un portrait-robot de ces dinosaures complètement différent. Ils font en réalité 1 mètre de haut environ, 1,50 de longueur, pèsent à peine plus de 15 kg et sont recouverts de plumes. Très loin des bestioles numériques crées par les équipes de Jurassic Park, et qui énervent de nombreux paléontologues.
Ces derniers ne peuvent pas non plus affirmer avec certitude que le vélociraptor chassait en groupe. En revanche, les spécialistes soulignent que ce dinosaure pouvait courir jusqu’à 60 km/h et utiliser ses griffes rétractables de 15 cm pour poignarder et éventrer leurs victimes. Ce qui en fait un prédateur de premier plan, y compris pour l’homme. Là-dessus, Alan Grant n'avait pas complètement tort.
Jurassic Park, 1993.
Un grand amateur de viande, donc. De nos jours, les dresseurs spécialisés font face à deux scénarios quand ils doivent apprivoiser des espèces carnivores. Si l’animal est déjà adulte et n’a jamais été imprégné de la présence de l’homme quand celui-ci vient à sa rencontre, ce dernier n’aura quasiment aucune de chance de l’apprivoiser. En revanche, si l’animal en question est encore bébé (comme celui qu'on voit naître au début de Jurassic Park), l’homme peut alors envisager un rapprochement avec lui en le nourrissant et en prenant soin de lui tout au long de sa vie. Il s’agit un peu d’un rôle de seconde mère. C’est le cas de ces dresseurs que l'on voit faire des bisous à de grands fauves comme les lions.
Mais même dans cette seconde configuration, rien n’empêche l’animal de vous attaquer une fois adulte. Et si ces espèces carnivores n’ont pas peur de l’homme, elles deviennent d’autant plus dangereuses, comme l’ours par exemple, qui donne beaucoup de mal aux dresseurs.
Certes, le vélociraptor est un ancêtre des oiseaux, qui ont des rapports moins agressifs avec nous. Après tout, nous avons bien réussi à dresser l’autruche, qui descend directement du vélociraptor, et même à faire des courses avec. Mais à la différence de leurs ancêtres, les autruches sont principalement végétariennes.
Donc si un jour, par hasard, votre regard croise celui d'un vélociraptor, ou de tout autre carnivore, n'espérez pas lui faire des câlins. À ses yeux, vous restez de la viande fraîche.
Désolé Chris Pratt.
L'explication remercie Jean Le Loeuff, du musée des dinosaures d'Espéraza, Ronan Allain, du Muséum national d'histoire naturelle, et Valentine Aupetit, dresseuse.
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