Ils sont nombreux dans le monde des psychologues à voir évoluer leur conception de la dépression, explique le Wall Street Journal. Selon certains, le dépressif devrait être traité comme on traite un patient victime d’une attaque.
Greg Siegle, qui dirige le programme de neuroscience cognitive et affective de l’école de médecine de Pittsburgh, explique cette analogie:
«Il faut voir la partie du cerveau en difficulté comme un muscle atrophié. Et la solution pour un muscle atrophié, c’est de le remettre d’aplomb. »
Jusque-là, l’analyse du spécialiste est incontestable. Ce qui est plus intéressant, c’est que divers scientifiques s’inscrivent dans une même démarche et proposent désormais un faisceau de tentatives expérimentales pour éloigner le désespoir psychologique.
Le docteur Siegle a, par exemple, mis au point un curieux exercice de maths, appelé l’entraînement au contrôle cognitif, qui consiste à faire en sorte que le patient élabore des séries de chiffres, selon des règles définies à l’avance. Il s’agit de stimuler le cortex préfrontal dorsolatéral qui sert à la fois à réguler les émotions et à maîtriser ses actions. Chez les dépressifs, cette surface cérébrale est en sous-régime, ce qui n’arrange rien en matière de rumination.
Chants d’oiseaux
Dans le même but, une autre activité suggérée aux dépressifs est d’écouter l’enregistrement de chants d’oiseaux. Une vague réminiscence de méditation transcendantale simpliste? Non: les délicats gazouillis étouffent les méchantes pensées tournées sur soi, et même contre soi. L’autodénigrement représente l’un des premiers fléaux de la dépression.
L’un des premiers mais pas le seul, c’est pourquoi un autre traitement vise à aider ses victimes à cesser de peindre en noir toute situation vécue comme incertaine ou ambiguë. Des scénarii sont soumis au patient, qui les examine. Tous se terminent bien, seulement il manque une lettre dans le dernier mot. Lacune que le malade devra combler.
Rémission
Le recul des symptômes dépressifs grâce à ces alternatives aux antidépresseurs
Ces stratagèmes n’ont l’air de rien mais, en les croisant, les experts enregistrent déjà quelques progrès. Le Wall Street Journal évoque une étude de la fin de l'année 2013 qui montrait que la combinaison des exercices décrits ici amenait en moyenne un recul des symptômes de la dépression de l’ordre de 46,5%. Pour comparaison, un simple traitement par antidépresseurs, selon même article, n’a suscité la rémission que d’un tiers des sujets dans un panel de 3.000 personnes.
S’il y a donc quelques raisons de retrouver le sourire, penser que les sciences neurologiques ont trouvé la panacée dans la lutte contre la dépression serait une erreur. Les scientifiques le reconnaissent: tous les individus n’ont pas un cerveau identique, et c’est heureux. Résultat: ces expériences pourraient bien être inefficaces dans bien des cas.