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L'agence internet de désinformation russe qui invente des fausses catastrophes aux États-Unis

Temps de lecture : 2 min

À Saint-Pétersbourg, l’Internet Research Agency fait circuler de fausses informations extrêmement bien documentées afin de semer le chaos et la confusion.

En septembre 2014, cette vidéo a contribué à un hoax faisant croire à l’explosion d’une usine pétrochimique en Louisiane (États-Unis) | Capture d’écran YouTube
En septembre 2014, cette vidéo a contribué à un hoax faisant croire à l’explosion d’une usine pétrochimique en Louisiane (États-Unis) | Capture d’écran YouTube

Le 11 septembre dernier, un responsable local du Département de la sécurité intérieure des États-Unis a reçu une alerte inquiétante par texto: des fumées toxiques s'échappaient d'une usine pétrochimique de Louisiane. Sur Twitter, plusieurs comptes ont commencé à parler d'une explosion et ont diffusé une vidéo dans laquelle des membres de l'État islamique revendiquaient l'attaque. Des captures d'écran de CNN parlant du désastre ont aussi fait surface, ainsi qu'une page Wikipédia sur la catastrophe, et des centaines de journalistes ont été innondés de messages sur le sujet. Tout était faux.

L'agence Internet Research Agency, cette «usine à trolls» où des centaines de spécialistes basés à Saint-Pétersbourg inondent le Web d'articles, commentaires et tweets pro-russes et pro-Poutine, a déjà fait l'objet de plusieurs articles mais, dans un long reportage pour le New York Times Magazine, le journaliste Adrian Chen montre que cet organisme va beaucoup plus loin que la propagande classique. Ses professionnels de la désinformation font circuler des fausses informations extrêmement bien documentées afin de semer le chaos et la confusion, notamment aux États-Unis.

Groupe de propagande

Trois mois après la fausse explosion, ces mêmes trolls avaient en effet lancé des rumeurs (avec vidéos à l'appui) d'une épidémie d'Ebola à Atlanta, ainsi que de l'assassinat par la police d'une femme noire. Adrian Chen avait remarqué que la voix off –avec un accent vaguement australien– était toujours la même.

En 2014, un réseau de hackeurs a publié plusieurs comptes des membres anglophones de cette agence de propagande et le journaliste Adrian Chen a commencé à s'immerger dans cet univers d'internautes qui passent leur temps à laisser des commentaires anti-Obama sur les sites des médias américains. Leurs activités de propagande ne se limitaient d'ailleurs pas à Internet: ces trolls professionnels étaient aussi liés à une exposition photo pro-Assad et pro-russe à New York intitulée Material Evidence. Les mêmes faux comptes qui avaient alerté sur l'explosion chimique faisaient la promotion de cet événement.

À la fin de l'article, Adrian Chen raconte avoir enfin réussi à rencontrer une employée du groupe de propagande anglophone. Mais elle n'accepte d'être interviewée que si son frère est présent. Il s'avère que son «frère» (qui n'est pas vraiment son frère) est un néo-nazi, avec T-shirt et tatouages de croix gammées. Quelques jours plus tard, un média lié au Kremlin avait déjà lancé une campagne de désinformation, avec un article intitulé «Qu'est-ce qu'un journaliste du New York Times a en commun avec un nazi de Saint-Pétersbourg?».

Le reporter américain découvre des photos de lui seul en compagnie du néo-nazi (qui est connu en Russie pour avoir fait de la prison pour meutre). L'employée anglophone n'apparaît pas sur les photos. Rapidement, cette histoire se répand un peu partout dans la blogosphère russe: le but est de discréditer le journaliste américain (et tout ce qu'il écrira sur la propagande russe) en montrant qu'il a des fréquentations peu recommandables.

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