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À quoi ça ressemblait, de gagner à Roland-Garros sous l'Occupation nazie?

Temps de lecture : 2 min

Un reportage sur l'édition 1941 du Tournoi de France (Ina.fr)

A quoi cela ressemblait, de gagner à Roland-Garros pendant l'occupation nazie? L'histoire, passionnante, est racontée dans un très long article par le site américain SB Nation, qui a rencontré Raymonde Veber Jones, une championne française de 97 ans, expatriée aux Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale après avoir épousé un officier américain, et qui a gagné en 1944 le «Tournoi de France», qui se déroulait dans le célèbre stade.

Elevée à Neuilly-sur-Seine dans une riche famille, amie des «Mousquetaires», notamment de René Cochet, Raymonde Veber voit sa vie changer avec l’invasion de la France le 10 mai 1940. Sa mère et sa sœur fuient dans le Cantal; l’un de ses frères est prisonnier en Allemagne, l’autre prend le maquis pour combattre l’occupant. Elle gère l’usine de pneus familiale et «hait» les Allemands, notamment après avoir assisté de loin à une exécution d’otages: elle porte sous ses vêtements un brassard portant la croix de Lorraine, cache une camarade joueuse de tennis de religion juive dans son appartement et refuse l’offre de jouer une partie avec le général Von Choltitz (oui, celui de Paris brûle-t-il?). Mais n'arrête pas le tennis, le régime de Vichy souhaitant reconstruire le sport français, mission confiée à Jean Borotra –qui finira ensuite déporté en Autriche, au château d'Itter, dont il s'évadera dans des circonstances rocambolesques. Elle s'entraîne la nuit, participe à des tournois itinérants dont la récompense, en cette période de privations, est de la nourriture.

Annulé en 1940, Roland-Garros revient en 1941, mais sous le nom de Tournoi de France, et réservé quasi-exclusivement aux joueurs français et à quelques francophones. Raymonde Veber remporte la compétition à l'été 1944 dans une ambiance étrange, raconte-t-elle à SB Nation:

«Il y avait un air de fête à Roland-Garros cet été là, avec de grandes foules et "pas tellement d’Allemands", selon Raymonde. Cela avait sans doute à voir avec le fait que le Tournoi avait lieu fin juillet, après le débarquement des Alliés en Normandie, qui progressaient impitoyablement vers Paris.»

En finale, elle s’impose en deux sets (6-4, 9-7) face à sa compatriote Jacqueline Portoni:

«Je n’étais pas spécialement nerveuse. C’était un bon match, disputé, mais nous savions toutes remettre les choses en perspective. Je voulais gagner, bien sûr, mais au final, c’était seulement un match de tennis, pas très important comparé à la guerre.»

Si ce titre a été remporté au stade Roland-Garros, baptisé en hommage à l'aviateur en 1928, il n'est pas considéré comme un titre lors du tournoi de Roland-Garros, qui ne reconnaît aucun vainqueur chez les femmes entre Simone Mathieu (1939) et Margaret Osborne (1946). Il faut dire que le stade a connu une histoire sombre sous la Seconde Guerre mondiale, devenant dès octobre 1939 un camp de transit pour étrangers jugés indésirables, comme le racontait L'Express en 2013:

«Près de 600 écrivains, intellectuels et antinazis sont ainsi parqués sous le Central dès le mois d'octobre, parmi lesquels le Hongrois Arthur Koestler. Celui-ci ne reste sur place qu'une semaine mais revient longuement sur cette épisode marquant de son existence dans son roman La lie de la terre, écrit dès 1941. "Notre grotte ou tanière n'avait pas de fenêtre. Au-dessus de notre tête, comme toit, nous n'avions que le dessus d'une des grandes tribunes qui faisait, au-dessus de nous, une pente de 45°".»

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