Le charbon fournit encore 40% de l’énergie électrique des États-Unis. Seulement voilà, il en représentait 50% il y a dix ans et activistes comme observateurs estiment que l’exploitation du charbon pourrait totalement cesser sur le territoire américain d’ici 2030 ou 2050, nous apprend Michael Grunwald dans un long article publié sur le site Politico.
Le recul de cette énergie fossile est dû à plusieurs facteurs mais la campagne Beyond Coal, lancée par le Sierra Club (une association écologiste), en est le premier. Au départ pourtant, rien ne destinait cette organisation environnementale à remporter un tel bras-de-fer avec l’industrie américaine. Mais la structure s’est professionnalisée ces dernières années: elle a mis en place des camps d’entraînement pour apprendre à ses militants et juristes à bloquer des permis d’exploitation de houille (l'autre nom du charbon), a renforcé son maillage du territoire et a réussi à convaincre le milliardaire, et ex-maire de New York, Michael Bloomberg de la financer depuis 2011.
Rhétorique terre-à-terre
Celui-ci est à l’origine d’un changement de méthode. «Maintenant, on ne s’appuiera plus que sur des données scientifiques», a-t-il lancé aux responsables du Club, une association souvent jugée naïve par le passé. De plus, la campagne Beyond Coal a remisé la rhétorique utopique pour se faire plus terre-à-terre: son discours est local et aborde le problème du charbon sous l’angle du coût représenté. Le prix du charbon n’en finit plus de monter sous le coup des réglementations de l’Environmental Protection Agency (EPA), visant à rendre la ressource plus propre.
Des propos qui touchent leur cible: après avoir réussi à empêcher l’ouverture de 170 centrales sur les 200 proposées pendant le mandat de George W. Bush, le Sierra Club parvient désormais à fermer les sites existants. Sur les 523 que comptaient les États-Unis en 2012, 190 sont à présent hors circuit.
L’industrie houillère subit en plus une concurrence nouvelle depuis quelques années. Les énergies éoliennes et solaire progressent. Ce dernier domaine, qui n’en était qu’à ses premiers balbutiements en 2010, emploie désormais davantage de gens que l’exploitation du charbon.
La question d’une solution alternative au charbon est cependant épineuse: l’éolien et le solaire n’assument pour le moment que 5% de la capacité énergétique américaine.